<439> donner des inquiétudes à mes ennemis; que je croyais en attendant que, s'il n'y avait pas moyen de tirer quelque avantage réel de ce traité d'amitié, que je me flattais au moins que j'en saurais tirer celui-là que, quand les choses parviendraient à une négociation sérieuse de paix au congrès, que la Porte fera faire une déclaration publique et énergique aux ministres des cours ennemies qu'en conséquence des liaisons d'amitié prises solennellement avec moi elle ne saurait voir avec des yeux indifférents qu'on voulût m'accabler et me dépouiller de mes provinces, et qu'en tout cas la Porte m'y soutiendrait puissamment, si mes ennemis ne pensaient pas à agir bien modérément avec moi. Vous ferez souvenir également le baron Knyphausen s'il n'y a pas moyen à cette occasion de disposer le ministère anglais pour instruire leurs ministres à Constantinople de dire quelque chose d'obligeant à ceux de la Porte au sujet de ce traité, conformément à ce que le sieur Rexin a désiré dans sa dernière dépêche.

Je n'ai point à vous donner des nouvelles d'ici, où tout est encore assez tranquille. Cependant, je viens de recevoir une de Varsovie que j'ai cru assez digne d'attention, pour vous la communiqer incessamment par la copie ci-jointe,1 au cas que vous n'en ayez déjà reçu le double. Quoique cette nouvelle du projet des Russes me paraît être incertaine encore, il est toujours bon, cependant, de prendre de loin quelques mesures pour avertir sous main la noblesse et autres du pays, afin de mettre, pour plus de précaution, en sûreté, ne fût-ce qu'au delà de l'Elbe, leurs meilleurs effets et meubles, de même que leur bétail, dès qu'il arrivera que les Russes entreront en force dans la Nouvelle-Marche. Pour leur personne, tout comme les conseillers provinciaux, ils n'auront qu'à rester sur leurs terres. J'ai écrit sur le même sujet à mon ministre de guerre de Wedell,2 pour qu'il se concerte avec vous sur les mesures à prendre, d'une façon que vous estimerez être la plus convenable. Vous pouvez bien vous imaginer, au reste, que je ne laisserai pas impunément ravager mon pays par les Russes, sans m'y opposer, autant que mes forces le permettront; mais, avec tout cela, j'aurai bien des difficultés pour empêcher entièrement à ce que l'ennemi ne fasse par-ci par-là quelque invasion.

Federic.

Depuis que l'armée des Russes s'est rassemblée pour commencer les hostilités contre les États de Votre Majesté, on ne parle ici que du projet qu'ils ont de retourner à Berlin, la plus grande partie de leurs troupes devant tâcher de reprendre la position près de Francfort. Le général autrichien Caramelli a passé ici, il y a quelques jours, pour se rendre de la part du général Laudon chez le maréchal de Buturlin, afin d'y solliciter le corps de troupes russes qui doit faire partie de celui



1 Bericht Benoîts vom 30. Mai.

2 Cabinetsordre an Wedell, d. d. Kunzendorf 4. Juni. In Form eines Postscriptums ist hinzugefügt: „Ohne Noth müsset Ihr keinen gar zu frühzeitigen Éclat hiervon machen.“ [Wedellsches Familienarchiv zu Ludwigsdorf i. Schl.] Bei Preuss, Friedrich d. Grosse, Urk.-Buch, Bd. II, S. 87 ist die Ordre fälschlich vom 2. Juni datirt und das P. S. als eigenhändiger Zusatz bezeichnet.