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1437. PROJETS DE LA CAMPAGNE DE BOHÊME, SUR TOUS LES CAS QUI PEUVENT ARRIVER.1

En cas que la grande armée autrichienne marche du côté de Fribourg et qu'elle laisse un corps de 15,000 hommes d'observation à Pilsen.

L'on est presque certain que, lorsque la grande alliance avec la Suède et la Russie sera faite, la Saxe s'empressera d'y accéder; l'on a, de plus, de très forts indices que, si la Saxe apprend la nouvelle alliance entre l'Empereur, la France et la Prusse, elle y accédera, pour gagner quelques cercles de la Bohême qui sont à sa bienséance; en ce cas, il ne s'agit pour nous que d'assembler l'armée le plus promptement possible, ce qui se peut faire de façon que, sous prétexte de revue, les régiments prussiens campent à Marienwerder, ayant leurs équipages faits; que les régiments de Poméranie soient prêts pour la revue, ayant leurs équipages faits ; que ceux de Magdebourg de même, recevant ordre tout à la fois, s'ébranlent, trois semaines après, pour marcher tous jusqu'au delà de Peitz, où les troupes de la Marche et de Poméranie doivent se rassembler. Ceux de Prusse doivent passer par Glogau; ceux de Silésie par Sagan. Du côté de Zwickau, ou quatre marches de là, l'armée doit camper en raie de bannière, tirant vers Melnik, pour marcher droit à Prague. Deux mois de farine doivent être embarqués sur l'Elbe, pour passer par Leitmeritz, que les Saxons prendront, et pour arriver le long de l'Elbe jusqu'à Prague.

Il est à présumer qu'en ce cas le corps d'observation des Autrichiens marchera vers Prague. Us sont trop faibles pour disputer le passage de l'Elbe, mais il est à croire qu'ils voudront se jeter dans Prague, pour donner à leur grande armée le temps de les venir secourir. En ce cas, je ne crois point que l'on puisse se rendre maître de Prague l'épée à. la main, mais je crois qu'il faudra faire des ponts de bateaux sur la Moldau et assiéger la ville dans les formes, par deux attaques des deux côtés de la Moldau, ce qui pourrait tout au plus nous arrêter quinze jours. Cette ville prise, et la garnison prisonnière de guerre, je suis du sentiment qu'il faut marcher à Pisek, s'emparer de Frauenberg, y faire des ponts sur la Moldau, prendre Tabor et Budweis, y faire incessamment des magasins et des ouvrages de terre ; ensuite, attendre là l'armée autrichienne, poursuivie par les Impériaux, et qui avec toutes les peines du monde pourra nous approcher. Nous devons faire ce que nous pouvons pour les combattre, afin de décider promptement l'affaire et les recogner dans la Basse-Autriche, prendre nos quartiers dans toute la Bohême et faire nos amas à Budweis et Tabor, pour marcher, la campagne d'après, avec les Impériaux à Vienne, et leur mettre le pied sur la gorge.



1 Die Denkschrift ist, wie ihre Ungewissheit über das Operationsziel der österreichischen Armee in Baiern beweist, älter als das an Rothenburg geschickte „Projet“ , neben dem sie hier, chronologisch nicht näher bestimmbar, einen Platz findet.