<209>tillons de ce que peut un prince éclairé et sage à la tête de ses troupes ; qu'EUe ordonne à Ses généraux de battre partout Ses ennemis, et ils seront battus. Mais il me semble que je m'émancipe trop, et que j'entre dans un détail duquel Votre Majesté pourrait me donner des leçons; j'espère qu'Elle excusera mes libertés en faveur de la pureté de mes intentions, et qu'Elle ne doutera point, après les preuves que je vais Lui donner, de l'attachement avec lequel je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère et allié

Federic R.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


1501. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE NOAILLES A DUNKERQUE.

Potsdam, 12 juillet 1744.

Monsieur. J'ai écrit une lettre assez détaillée au Roi votre maître sur le grand objet qui doit nous occuper tous ensemble. Vous pouvez compter que le 13 d'août toutes les troupes de mon armée fileront vers la Bohême, et que tout sera arrivé à Prague à la fin du mois.

Si, après le départ du prince Charles, vous ne faites pas d'abord marcher un corps suffisant de vos troupes, joint avec les Impériaux, pour pénétrer en Bavière, nous ne ferons que de l'eau claire, et vous pouvez compter que, si vous n'envoyez pas 20,000 à 25,000 hommes dans le pays d'Hanovre, toute notre affaire est au diable. Je prends les devants, surtout je vous avertis à temps de ce qu'il y a à faire. Si après tout vous ne voulez pas entrer dans ces mesures que je vous propose, vous aurez à vous reprocher d'avoir fait manquer une affaire qui seule peut rendre à la France sa supériorité, qui la met à même de se venger de ses ennemis, et d'établir si bien ses affaires pour l'avenir qu'elle n'aura rien à craindre de personne. Car qui vous attaquera, dès que la reine de Hongrie perd pour toujours la dignité impériale et un de ses plus considérables royaumes? Les Anglais et les Hollandais n'ont pas les reins assez forts pour vous entamer, et, avec l'alliance que nous venons de conclure, vous devez sentir que la reine de Hongrie étant toujours vue à dos, n'ose point, à cause de moi, s'éloigner de son centre et vous attaquer; et si dans cette occasion vous vous y prenez bien, vous terminerez à la fin de l'année 1745 toute cette guerre, au lieu que, si vous agissez avec mollesse, tout le poids m'en tombera sur les épaules, et que, par conséquent, elle pourra durer plus longtemps, et l'issue en peut devenir plus douteuse. Je dois vous avertir, de plus, qu'il faudra dès le mois d'octobre prendre des arrangements pour la campagne future, pour qu'on puisse l'ouvrir de bonne heure, et que tous les efforts se fassent à la fois, car la meilleure économie d'un grand prince est de dépenser l'argent à propos et de ne le point ménager dans les grandes occasions.