<59> il faut penser à s'en tirer. Si je me fais malade jusqu'à dimanche prochain, j'évite toutes leurs perquisitions, et en même temps je me vois en état de prendre un parti plus décisif qu'à présent. Détaillez-moi ce que vous pensez sur tous ces sujets, et quel est votre sentiment.

Je suis votre bon ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


1734. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Potsdam, 22 février 1745.]

Mon cher Podewils J'ai lu votre lettre avec bien d'attention, mais je ne suis pas encore tout-à-fait de votre sentiment, tant sur notre conduite générale envers la France que relativement à la négociation d'Angleterre.

Vous supposez, ce me semble, un peu légèrement que la cour de Vienne peut s'accommoder quand il lui plaît avec celle de Versailles; c'est ce que je vous nie, car l'argent de l'Angleterre — ce premier mobile de la puissance de l'Autriche — manquerait immédiatement après une paix séparée que ferait la reine de Hongrie, et la France ne paraîtra jamais à la maison d'Autriche comme un allié sur lequel il lui est sûr de compter; ceci suffit pour nous prouver que nous n'avons rien à craindre de ce côté-là. Mon sentiment est plutôt de renvoyer les Français à l'électeur de Cologne sur le chapitre de la voix de Bohême, de leur insinuer adroitement que les affaires d'Allemagne prenant un mauvais pli pour nous, la gageure devenait insoutenable, que cependant on ferait pour ses alliés ce que l'on pourra: j'ajoute cependant que cette déclaration ne doit avoir lieu que lorsque nous serons sûrs de notre fait.

Je passe à vos idées sur la négociation d'Andrié. Il m'a écrit hier qu'il avait arrêté son courrier pour me le dépêcher avec une résolution catégorique, ainsi que nous verrons au premier moment à peu près à quoi nous devons nous en tenir.

Il me semble même que, l'Angleterre étant le premier mobile de toute cette alliance, c'est elle absolument qui règle tout. La Hollande n'est pas en guerre contre moi; ainsi ce n'est pas l'Angleterre qui fait une paix séparée en me détachant de France. La négociation de Worms avec le roi de Sardaigne fut de même. La cour de Vienne serait la seule qui pourrait se plaindre, mais l'Angleterre tient la bourse et agit en même temps d'une façon conforme aux vrais intérêts de la reine de Hongrie. Je me persuade donc, qu'après être convenu des conditions en général, que le lord Harrington négociera nos affaires à Vienne sur le pied dont nous serons convenus, et que la conclusion de la paix pourra bien encore traîner deux mois, mais pas la réponse d'Angleterre. Ainsi, pour en agir rondement envers les Français, qui jusqu'à présent ne nous ont pas donné de sujets de mécontentement, il me semble