<II> avec son père étant tout entière en allemand, nous avons dû la placer en tête de sa correspondance en cette langue, qui clôt la partie épistolaire de ses Œuvres.
L'abondance des matières ne nous a permis de faire entrer dans ce vingt-sixième volume de notre édition que cinq correspondances, celles de Frédéric avec sa femme, avec sa mère et avec ses frères. Ce volume embrasse une période de cinquante-quatre ans, qui commence le 7 février 1732, et finit le 7 août 1786; il contient sept cent onze lettres, dont six cent huit du Roi.
I. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LA REINE ÉLISABETH SA FEMME. (13 juin 1739 - 1786.)
Élisabeth-Christine, fille de Ferdinand-Albert, duc de Brunswic-Bevern, naquit à Wolfenbüttel le 8 novembre 1715. Ses fiançailles avec Frédéric eurent lieu à Berlin le 10 mars 1732; le mariage fut béni, le 12 juin 1733, à Salzdalum près de Wolfenbüttel, par Philippe-Louis Dreyssigmark, abbé de Riddagshausen. La Princesse royale fit son entrée solennelle à Berlin le 27 juin 1733. Depuis son mariage jusqu'à l'avénement de son mari, elle vécut avec lui à Ruppin et à Rheinsberg, et ce temps fut le plus heureux de sa vie.a Mais lorsque Frédéric fut monté sur le trône, les relations des deux époux prirent un caractère tout différent. La Reine résida, dès ce moment, en hiver au château de Berlin, en été à celui de Schönhausen. Ses rapports avec le Roi devinrent d'année en année moins intimes. Il n'alla jamais la voir chez elle,b et ne l'invita jamais à venir à Sans-Souci. Elle ne connut pas cette résidence, et n'osa même jamais aller soigner le Roi dans ses
a Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 11, 28, 71, 72, 147, 148 et 207; de Hahnke, Elisabeth Christine, Königin von Preussen. Eine Biographie. Berlin, 1848, p. 112 et 113; voyez enfin notre t. XXV, p. 540.
b Les Berlinische Nachrichen von Staats- und gelehrten Sachen, 1744, no 89, disent que Frédéric alla à Schönhausen le 23 juillet; mais cette nouvelle paraît être inexacte, car le baron de Bielfeld n'en fait aucune mention dans ses Lettres familières et autres. Il dit seulement, t. II, p. 153 : « Le jeudi, S. M. la reine régnante donna une superbe fête à Schönhausen. » - La Reine prit la lettre de Frédéric, du mois de juillet 1747, pour une promesse de se rendre à ce château, comme on le voit par sa lettre à son frère Ferdinand, du 21 juillet. Voyez Hahnke, p. 111.