<171>Ses trames, ses complots, ses brigues infernales
Divisent l'univers en puissantes cabales,
Il séduit l'empereur, que dis-je? les Anglais,
Complices de sa rage, ont payé ses forfaits.
Mais lorsqu'on le voit prêt à ravager la terre,
Un dieu dans ses cachots vient renfermer la guerre;
Ce monstre audacieux en gémit de douleur,
Il demeure interdit, en proie à sa fureur;
Rongé par les serpents qui servaient sa vengeance,
Le bonheur des Suédois redouble sa souffrance.
Tel on peint sous l'Etna ce géant renfermé,
Qui, vomissant des feux de son gouffre enflammé,
S'agite, et veut briser sa puissante barrière;
Il brave en ses prisons l'auteur de la lumière;
Mais ce dieu, qui punit ses transports menaçants,
Dédaigne au haut des cieux ses efforts impuissants.
Ce dieu, c'est vous, ma sœur, oui, c'est vous dont l'égide
Pétrifia ce monstre envieux et perfide :
Votre main détruisit ses infâmes complots.
Sans armes, sans secours, sans foudres, sans carreaux,
Il vous suffit d'un mot pour calmer la tempête;
Vous dites, Arrêtez, et la guerre s'arrête.
O Suède! reconnais d'aussi puissants secours.
Si l'ombre de la paix protége tes beaux jours,
Si du joug ennemi Stockholm est préservée,
Bénis du fond du cœur la main qui t'a sauvée.
Auteurs, ne vantez plus dans vos pesants écrits
Les noms d'Elisabeth et de Sémiramis;
Suédois, votre Christine, indigne qu'on la prône,
Par un caprice étrange abandonna le trône;
Déjà mon héroïne a su le soutenir.