<56> L'évêque de Soissons, fanatique imbécille, vendit ses huiles et ses sacrements à son maître au prix de madame de Châteauroux, qu'il fut obligé de lui sacrifier. La duchesse fut obligée de partir de Metz, ayant reçu l'ordre rigoureux de ne jamais reparaître devant le Roi. Ce ne fut ni l'extrême-onction ni les sacrements qui sauvèrent la vie à ce prince. Un chirurgien très-ordinaire se présenta, et assura qu'il le tirerait d'affaire, pourvu qu'on lui donnât la liberté d'agir : il ne trouva point de concurrent; et, moyennant une bonne dose d'émétique, ce prince releva de cette maladie, qui n'avait été causée que par une indigestion. Les médecins de la cour perdirent leur réputation; mais les affaires générales en souffrirent davantage.
Pendant la maladie du Roi, le duc de Harcourt était arrivé à Pfalzbourg. Nadasdy avait déjà pris Saverne, et se disposait à pénétrer par les gorges que le Duc occupait; mais infructueusement : quoique souvent attaqué, le Duc y tint jusqu'au seize, que le secours de Flandre s'approcha pour joindre l'armée. Le prince de Lorraine avait déjà reçu l'ordre de se retirer; il prenait des mesures pour l'exécuter, et il ne tenait qu'au maréchal de Noailles d'en profiter : mais sa circonspection outrée gâta tout; Schmettau perdait sa peine et son temps à l'encourager. Et quel risque courait la France? Quand M. de Noailles aurait été battu, les troupes de la Reine étaient également obligées de quitter l'Alsace; et si les Français étaient victorieux, ils détruisaient l'armée autrichienne, qui, vivement poursuivie, au lieu de repasser ses ponts du Rhin se serait noyée dans ce fleuve. Alors7 les Français et les Bavarois s'avancèrent à pas lents vers Hochfelden, où Nadasdy s'était déjà retiré. Noailles fit trois détachements sur la Motter, et il apprit par M. de Löwendal, qui était marché vers Drusenheim, que les Autrichiens avaient abandonné leur camp de Brumat, pour s'approcher vers leurs ponts de Beinheim. Le comte de Belle-Isle fut alors envoyé de Suffelnheim avec un corps; les
7 13 août.