<73>Lorsqu'une armée où il se trouve cent cinquante escadrons, séjourne au delà de huit jours dans le même camp, il n'est pas étonnant que les fourrages viennent à lui manquer, surtout lorsque c'est un pays de montagnes et de bois, et qu'il est impossible de forcer le plat pays à livrer des subsistances. Ceci força le Roi à choisir un autre camp, où il put trouver des fourrages, et qui en même temps le rapprochât de sa boulangerie. L'armée décampa donc le lendemain, passa la Sasawa à Porschitsch, et vint se poster auprès de Pischelli. En même temps, M. de Nassau fut détaché avec dix bataillons et trente escadrons, pour déloger de Kammerbourg un corps ennemi de dix mille hommes, tant troupes réglées que hongroises. M. de Nassau l'attaqua sur une hauteur avantageuse qu'il occupait : quelques coups de canon mirent l'ennemi en désordre; il abandonna son poste pour repasser la Sasawa à Rattay. M. de Nassau le côtoya, et s'apercevant qu'il voulait gagner Kolin avant lui, il le prévint, et s'empara de ce poste.
Depuis l'escarmouche de Kammerbourg, personne n'eut des nouvelles de M. de Nassau, ni ne put lui en faire parvenir, tant les troupes légères des Autrichiens avaient par leur nombre la supériorité sur celles des Prussiens : ils étaient dans un terrain fourré, avaient la faveur du pays, étaient informés de tout, tandis que les Prussiens n'étaient instruits de rien. Les Autrichiens agissaient de tous les côtés pour se procurer cette supériorité sur les Prussiens : ils pensèrent surprendre à Pardubitz le colonel Zimmernow, qui avait dans ce fort la garde du magasin avec son régiment. Un détachement de quinze cents grenadiers et de six cents hussards, venus de la Moravie, se déguisèrent en paysans; et, sous prétexte de livrer au magasin, ils essayèrent de s'introduire dans la ville au moyen de leurs chariots. La trame fut découverte par un Autrichien qui lâcha imprudemment un coup de pistolet : les gardes des portes et des ravelins firent feu sur cette troupe, qui y perdit soixante hommes. Cette défense fit