<8> la sanction de la diète, des troupes étrangères dans sa patrie. C'était tout ce que ce prince pouvait faire à l'égard des conjonctures où il se trouvait : il ne pouvait pas compter sur la France, qu'il avait indisposée contre lui par la paix de Breslau; il ne pouvait se brouiller avec les Anglais, qui étaient les seuls garants qu'il eût de cette paix. Les choses n'en étaient pas venues à une extrémité assez importante pour replonger ses États dans une nouvelle guerre : il fallait donc se contenter de la promesse du roi d'Angleterre, qui s'engagea de ne rien entreprendre, ni contre la dignité de l'Empereur, ni contre ses États patrimoniaux.
Ce n'était pas avec les Anglais seuls qu'on négociait. Le Roi avait entamé une autre négociation à Pétersbourg pour des intérêts qui le touchaient plus directement : il s'agissait d'obtenir de l'impératrice de Russie la garantie du traité de Breslau. Ce furent les Anglais et les Autrichiens qui s'y opposèrent de toutes leurs forces, quoique sous main. Les deux frères Bestusheff, ministres de l'Impératrice, séduits par l'appât de dix mille guinées, trouvèrent, par les difficultés qu'ils firent naître, le moyen d'accrocher continuellement la fin de cette affaire. La reine de Hongrie regardait la cession qu'elle avait faite de la Silésie comme un acte de contrainte, dont elle pouvait appeler avec le temps, en rejetant sur la nécessité ce que la rigueur des conjonctures l'avait forcée d'accepter malgré elle. Les Anglais voulaient isoler le roi de Prusse, et le priver de tout appui, pour l'avoir entièrement sous leur dépendance. De quelque façon que les princes cachent ces sortes de vues, il est bien difficile pour eux de les rendre impénétrables.
Ce fut alors que la paix de Friedrichshamn fut ratifiée entre la Russie et la Suède. La perte d'une partie inculte de la Finlandea fut le moindre mal dont la Suède eut à se plaindre : le despotisme que les Russes exercèrent à Stockholm, mit le comble à l'opprobre de
a Voyez t. II. p. 156.