<122>muniquées, touchant lès conventions à faire du prince Guillaume, j'espère que la lettre que je vous ai faite en date du 30 du mois d'avril passé, vous aura été bien remise ; et, comme je vous y ai expliqué mes intentions à ce sujet, je m'y remets. La nouvelle que vous me marquez du changement arrivé avec le sieur Amelot, n'a pas laissé de me faire plaisir; outre le peu de suffisance que cet homme doit avoir eu pour le poste qu'il a occupé, on m'a voulu persuader depuis longtemps qu'il avait toujours eu plus de penchant pour le parti anglais et autrichien que pour les intérêts de l'Empereur et les miens, et, si le sieur de Chavigny devait occuper son poste, je suis persuadé que les affaires prendront un tout autre train qu'elles n'ont eu par le passé, et que les intérêts de l'Empereur n'en souffriront point.
Comme vous aurez signé, à l'heure qu'il est, le recez de l'union confédérale, je l'attends de vous, pourque mes ratifications en puissent être expédiées et à vous renvoyées; mais, quant aux articles séparés, il faut que je vous réitère encore une fois qu'il m'est absolument impossible de les signer avant que mes affaires ne soient faites avec la Russie. J'ai lieu d'être satisfait des projets que vous m'avez envoyés des articles secrets et séparés, tant par rapport à mes convenances qu'à l'invitation à faire à la France, pourque celle-ci accedât au traité d'union, mais ce qui m'empêche de les signer ou les ratifier, c'est ce qu'il me faut de toute nécessité être assuré de la Russie, avant que je m'engage à quelque parti; aussi ne suis-je capable de faire le moindre pas avant cela, me voudrait-on offrir la cession de toute la Bohême. On se trompe fort, si l'on est dans l'opinion que ce sont les appas des cessions qu'on me veut faire en Bohême, qui me font agir; au contraire, mon grand but dans tout ce que j'ai résolu d'entreprendre, n'est autre chose que l'abaissement de la maison d'Autriche et le soutien et rétablissement de l'Empereur; s'il n'y avait ces deux points, je me passerais fort aisément de toutes cessions et aimerais bien mieux de rester tranquille. Mais comme, pour agir de toutes mes forces librement et avec vigueur, il faut absolument que j'aie le dos libre, mes résolutions dépendent du train que mes négociations prendront en Russie, de laquelle il faut que je sois préalablement assuré, tant pour n'avoir à craindre quelque diversion d'elle pendant que je serai occupé ailleurs, que pour contenir par elle la Saxe en respect, pourque celle-ci ne me joue pièce, pendant que j'agis pour l'Empereur.
Par toutes ces considérations donc, vous tâcherez de tranquilliser tant l'Empereur que le sieur de Chavigny sur ce que je ne puis signer d'abord l'invitation à faire à la France, en leur assurant que je ne manquerai point de signer l'article en question, dès aussitôt que je verrai encore un peu plus clair dans mes négociations avec la Russie, mais qu'avant cela j'espérais qu'ils ne me voudraient pas obliger à une chose qui me pouvait trop entraîner hors de propos, et avant que j'aie arrangé mes affaires dans le Nord. Vous tâcherez surtout de faire valoir