<134>n'a obtenu par les cessions faites par la reine de Hongrie, et qu'il voie d'ailleurs la supériorité des alliés, il se laissera peut-être entraîner à changer de parti.
Pour ce qui regarde la Saxe, je suis entièrement du sentiment de la France qu'il serait convenable que l'Empereur cédât au roi de Pologne quelques lambeaux du royaume de Bohême qui touchent la Misnie; mais je crains que sur cela la grande difficulté viendra du côté de la cour impériale, et je crois que la Saxe, plus susceptible de crainte que d'ambition, ne sera pas difficile à entrer dans nos vues, si on lui demande une déclaration sur ce sujet, pendant le temps que les troupes prussiennes passeront par le pays. La France de son côté y pourra contribuer beaucoup, en parlant de grosses dents et en enjoignant à ses envoyés en Russie de porter l'Impératrice de déclarer au roi de Pologne que cela lui ferait plaisir. Comme il est à présumer qu'aussitôt que je commencerai à agir, selon les concerts que je prendrai avec la France, les Anglais et les Autrichiens, en haine de ce concert, voudront tomber sur les pays de Clèves et sur les autres provinces que je possède en Westphalie au delà du Weser, pour y exercer leur vengeance, on se promet de la part du roi de France qu'en bon allié, il voudra bien garantir ces mes provinces de toute insulte, et faire faire pour cela, par ses armées en Flandre et d'autre part, tels mouvements qui précautionneront ces provinces de toute attaque, insulte ou surprise. Ce qui doit faire un article exprès de notre traité.
Projet des opérations.
Je ne puis agir que le Ier août, à cause que
1° Je ne suis pas en état de faire des magasins sur les frontières de la Bohême qui appartiennent à la Saxe.
2° Que les fourrages ne viennent point avant ce mois-là en Bohême.
3° Qu'un bon nombre d'artillerie ne sortira de fonte que vers ce temps-là.
4° Qu'ayant prévu que mes alliances ne pourraient point être arrangées avant ce temps-là, tous les arrangements militaires sont pris de façon qu'il est impossible de les hâter, quand même je le voudrais.
Mais indépendamment de cela, rien n'empêchera les opérations de cette année pour lesquelles je me suis engagé. Je compte même de camper le 1er de septembre avec 80,000 hommes en front et bannières auprès de Prague, et de tâcher à me rendre maître de cette ville. Sur quoi roule le point principal de toute cette expédition, et pour lequel il est absolument nécessaire que l'on empêche les Autrichiens, autant qu'il sera possible, de ne pouvoir pas tourner et se porter à Prague avant le 10 ou le 12 de septembre. Prague pris, j'enverrai d'abord un détachement pour me rendre maître du camp de Budweis et de Tabor, et avec l'armée je me porterai au devant des ennemis, de quelque côté qu'ils viennent. H est à croire que ce sera le chemin de Pilsen qu'ils