<46>à ses trésors, et à chercher le repos et le vrai bonheur dans la retraite, à l'abri des soucis que lui vaut l'hostilité de la Prusse:

„Descends de ce palais dont le superbe faîte
Domine sur là Saxe en s'élevant aux cieux,
D'où ton esprit craintif conjure la tempête
Que soulève à la cour un peuple d'envieux.“

En écoutant ces vers, le comte a souri et a répondu au royal poète qu'il regrettait infiniment de ne pouvoir suivre son excellent conseil.

LXXXVI.

Le jeune Frédéric, alors prince héritier, trace à son frère, dans les strophes de l' „Ode à mon frère de Prusse“ (1736), l'idéal d'un prince, qu'il l'exhorte à prendre pour modèle. Cet idéal ressemble à celui que le dix-huitième siècle s'était fait de l'empereur Marc-Aurèle. De là, le motif de l'illustration de Menzel: l'artiste a mis en regard de cette ode le portrait du sage couronné, dont le nom n'y est cependant pas mentionné.

LXXXVII.

Toute l' „Epître à Hermotime sur l'avantage des Lettres“ est une longue exhortation, en alexandrins, à un jeune gentilhomme que ses inclinations entraînent aux plaisirs mondains et à une vie de débauches et d'oisiveté. Le royal poète prend à ce propos le rôle d'un sage arrivé à un âge avancé et sûr de sa vertu. L'artiste a grimé en conséquence le Mentor discoureur. Il lui a donné un masque à barbe blanche et le costume d'un derviche voyageur. L'écolier qu'il prêche Avec tant de chaleur porte sur toute sa personne les traces d'une nuit d'orgie, il manque visiblement de ce ferme sentiment de la vertu que son maître essaye d'éveiller en lui. Sur la table, supportée par deux cariatides qu'enlace un Silène au pied de bouc, les verres à Champagne et les coupes dansent devant ses yeux par une hallucination de son cerveau échauffé.

Ce petit tableau forme une composition conçue librement à côté et en dehors du texte de l'auteur.