<119>Frédéric III n'était en effet flatté que par les dehors de la royauté, par le faste de la représentation, et par un certain travers de l'amour-propre qui se plaît à faire sentir aux autres leur infériorité. Ce qui fut dans son origine l'ouvrage de la vanité, se trouva dans la suite un chef-d'œuvre de politique : la royauté tira la maison de Brandebourg de ce joug de servitude où la maison d'Autriche tenait alors tous les princes d'Allemagne. C'était une amorce que Frédéric III jetait à toute sa postérité, et par laquelle il semblait lui dire : « Je vous ai acquis un titre, rendez-vous-en digne; j'ai jeté les fondements de votre grandeur, c'est à vous d'achever l'ouvrage. » Il employa toutes les ressources de l'intrigue, et fit jouer tous les ressorts de la politique, pour conduire son projet jusqu'à sa maturité.

C'était un préalable, dans cette affaire, de s'assurer des bonnes dispositions de l'Empereur; son approbation entraînait les suffrages de tout le corps germanique. Pour prévenir favorablement l'esprit de ce prince, l'Électeur lui remit le cercle de Schwiebus, et se contenta de l'expectative qu'on lui donna sur la principauté de Frisea et la baronnie de Limbourg, sur lesquelles la maison électorale avait d'ailleurs des droits incontestables. Par les mêmes principes, les troupes brandebourgeoises servirent dans les armées impériales en Flandre, sur le Rhin et en Hongrie : les intérêts de l'Électeur, qui n'avait directement ni indirectement part à ces guerres, auraient été plutôt d'observer une exacte neutralité. Quoique Frédéric III eût préparé tous les moyens qui devaient mettre la dignité royale dans sa maison, il ne pouvait pas poursuivre ce dessein en le brusquant, et il fallait attendre que les conjonctures le favorisassent; nous verrons dans la suite comment tous les événements concoururent à lui en faciliter l'exécution.

Pendant que l'Europe était déchirée par des guerres violentes, il accommoda, à l'exemple de son père, les ducs de Mecklenbourg-


a D'Ost-Frise.