<13> la ville, où il combattit jusqu'à ce que ses troupes, ayant forcé les portes, vinssent le secourir. Albert gouvernait presque tout l'Empire, par la confiance que l'empereur Frédéric III lui témoignait. Il conduisit les armées impériales contre Louis le Riche, duc de Bavière, et contre Charles le Hardi, duc de Bourgogne, qui avait mis le siége devant Nuys;3 et Albert disposa ce prince à la paix. Ce fut cette négociation qui lui acquit le surnom d'Ulysse, et il mérita toujours celui d'Achille, soit à la tête des troupes dans les combats, soit dans ces jeux, images de la guerre, qui étaient si fort à la mode dans ce temps-là : il gagna le prix dans dix-sept tournois, et ne fut jamais désarçonné.

L'usage de ces combats semble être originairement français. Peutêtre que les Maures, qui inondèrent l'Espagne, l'établirent dans ce pays avec leur galanterie romanesque. On trouve dans l'histoire de France qu'un certain Godefroi de Preuilly, qui vivait l'an 1060, était le rénovateur de ces tournois. Cependant Charles le Chauve, qui vivait l'an 844, en avait déjà tenu à Strasbourg, lorsque son frère Louis d'Allemagne l'y vint voir. Cette mode passa en Angleterre dès l'an 1114, et Richard, roi de la Grande-Bretagne, l'établit dans son royaume l'an 1194. Jean Cantacuzène dit qu'au mariage d'Anne de Savoie avec Andronic Paléologue, empereur grec, ces combats, dont l'usage était venu des Gaules, se célébrèrent en 1226. Il y périssait souvent du monde lorsqu'ils étaient poussés à outrance : on lit dans Henri Knighton,a qu'il se fit un tournoi à Châlons en 1274, au sujet d'une entrevue entre la cour du roi d'Angleterre, Édouard, et celle du duc de Bourgogne, où beaucoup de chevaliers bourguignons et anglais demeurèrent sur la place. Les tournois passèrent en Allemagne dès l'an 1136. Les chevaliers s'envoyaient des lettres de défi


3 La ville de Nuys est dans l'électorat de Cologne.

a L'Auteur a trouvé le nom de ce chroniqueur anglais dans le grand Dictionnaire historique de Moréri, art. Tournois.