<173> Wolgast; et qu'il obtiendrait de même des Danois les franchises des péages du Sund. La réponse du Roi se trouve dans les archives, écrite de sa propre main : « Je suis content du destin dont je jouis par la grâce du ciel, et je ne veux jamais m'agrandir aux dépens de mes voisins. » Il paya deux millions à la Suède pour l'enclavure de la Poméranie, de sorte que cette acquisition était plutôt un achat qu'une conquête.

Le roi d'Angleterre qui avait par sa médiation accéléré la paix de Stockholm, fit peu de temps après la sienne avec l'Espagne;a et Philippe V céda Gibraltar et Port-Mahon à l'Angleterre, à condition que le roi George ne se mêlerait plus des affaires d'Italie.

A Vienne, on était mécontent et envieux des avantages dont jouissait le roi de Prusse. La maison d'Autriche voulut que les princes d'Allemagne, qu'elle regarde comme ses vassaux, la servissent contre ses ennemis, et non pas qu'ils fissent usage de leur force pour leur propre agrandissement. Le Grand Électeur avait secondé l'Empereur, à cause que leurs intérêts étaient souvent liés ensemble. Le roi Frédéric Ier l'avait secouru, tant par ses préjugés, qu'afin d'être reconnu roi de Prusse. Frédéric-Guillaume, qui n'avait ni préjugés ni intérêts qui jusqu'alors l'attachassent à la maison d'Autriche, ne lui fournit point de secours dans les guerres de Hongrie ni de Sicile. Il n'était lié avec l'Empereur par aucun traité; et de plus il s'excusa, sous prétexte qu'il avait à craindre des entreprises nouvelles de la part des Suédois. Dans le fond, il était trop clairvoyant pour forger ses propres chaînes, en travaillant à l'agrandissement de la maison d'Autriche, qui aspirait en Allemagne à une domination absolue.

La politique sage et mesurée de Frédéric-Guillaume se tournait entièrement à l'arrangement intérieur de ses États. Il avait établi sa résidence à Potsdam, maison de plaisance qui originairement n'était qu'un chétif hameau de pêcheurs. Il en fit une belle et grande ville,


a Le Roi veut dire la paix d'Utrecht, qui fut conclue en 1713.