<215> de son régiment étaient exhaussées au-dessus de la taille ordinaire. Le prince d'Anhalt suivit cet exemple, et le Prince royal l'imita de même; depuis il s'introduisit parmi les officiers un esprit de choix pour l'espèce d'hommes qu'ils employaient pour soldats, et on ne prit plus que des gens grands, forts et robustes.

Toutes les troupes avaient des habits d'ordonnance : ceux qui voulaient servir dans la cavalerie, payaient, à la vérité, pour être reçus, mais ils étaient armés et habillés aux dépens de la couronne.

Les fantassins étaient prodigieusement chargés en campagne : ils portaient, outre leurs armes et leur manteau, leur tente, leur havre-sac et des chevaux de frise; et ils combattaient encore sur quatre files.

Le prince d'Anhalt, qui avait fait la guerre avec le prince Eugène tant dans l'Empire qu'en Italie et en Flandre, avait fait une étude profonde du métier des armes. Il commanda souvent les troupes auxiliaires des Prussiens, comme on l'a pu voir dans l'Histoire. Ce prince leur fit observer une discipline rigoureuse; et sévère observateur de la subordination, il la poussa à ce grand point d'obéissance qui fait la plus grande force d'une armée; mais comme ses attentions se bornaient à l'infanterie, la cavalerie fut beaucoup négligée.

Tant d'officiers qui faisaient la guerre dans les pays des places fortes, où l'on ne fait qu'assiéger et défendre des villes, nous enrichirent enfin de l'art de la fortification; beaucoup acquirent assez d'intelligence pour conduire les attaques et les tranchées, ou pour défendre une forteresse assiégée.

Frédéric Ier fit fortifier Magdebourg et Wésel selon la méthode de Vauban et de Coehorn; il avait à son service le général Schöning,a commandant de Magdebourg, qui entendait bien cette partie


a Lüdecke-Ernest de Schöning, général-major et commandant de la garde à pied depuis 1689, fut à la vérité nommé gouverneur de Magdebourg le 23 mai (2 juin) 1691, mais il n'est jamais entré en fonctions : au lieu de se rendre à Magdebourg, il suivit son cousin Hans-Adam de Schöning, en qualité de lieutenant-général, au service de l'électeur de Saxe, après la campagne du Rhin de 1692.