<71> cuirassiers et des dragons brandebourgeois, que l'Électeur mit à la droite de ses troupes, trouvant l'occasion convenable de s'en servir.

L'ennemi était demeuré en possession d'un bois situé vis-à-vis de la gauche; on y détacha une brigade d'artillerie, soutenue de cinq cents chevaux : après quelques décharges de canons, la cavalerie chassa l'ennemi du bois, et les alliés le firent occuper par deux cents fantassins. Cette opération était d'autant plus nécessaire, que tant que les ennemis restaient maîtres de ce bois, ils protégeaient leur cavalerie, de manière qu'on aurait pu difficilement l'entamer. L'Électeur attaqua alors la cavalerie polonaise, qui était en bataille sur une hauteur, la culbuta dans un marais qu'elle avait à dos, et la dissipa entièrement. L'infanterie ennemie, abandonnée de ses gens de cheval, et ayant perdu ses canons dès la veille, sans attendre les Suédois et les Brandebourgeois, s'enfuit dans une confusion totale; elle passa en hâte la Vistule, dans un si grand désordre, que beaucoup de monde se noya; et ne se croyant pas même en sûreté derrière cette rivière, elle abandonna Varsovie, qui se rendit dès le lendemain aux vainqueurs.

L'armée polonaise perdit six mille hommes dans ces combats différents; et les alliés, fatigués de tant de travaux, et exténués de n'avoir point pris de nourriture depuis trois jours, se trouvèrent hors d'état de poursuivre les vaincus.

Jean-Casimir avait assisté en personne à la défaite de ses troupes; la reine son épouse et quelques-unes des premières sénatrices de ce royaume en avaient été les spectatrices du pont de la Vistule : mais elles ne servirent qu'à multiplier les embarras, la confusion et la honte d'une déroute totale.

Après que l'armée victorieuse eut pris quelque repos, elle fit une marche de six milles d'Allemagne à la poursuite des Polonais; mais l'Électeur laissa quelques troupes aux ordres du roi de Suède, et retourna en Prusse avec le gros de son armée, pour en chasser des Tartares qui y faisaient des incursions. Comme il remarquait le besoin