<82> contre la France, et toutes les provinces que l'Électeur possédait en Westphalie étaient perdues. Tant de raisons, jointes à son impuissance, disposèrent Frédéric-Guillaume à faire son accommodement avec la France : la paix fut conclue à Vossem, et Louis XIV la ratifia dans son camp devant Mastricht. On lui rendit toutes ses provinces, à l'exception des villes de Rees et de Wésel, que les Français gardèrent jusqu'à ce que la paix avec la Hollande fût conclue. L'Électeur promit de ne plus assister les Hollandais, se réservant toutefois la liberté de défendre l'Empire au cas qu'il fût attaqué : le reste de ces articles de paix roulait sur l'indemnisation des dommages qu'avaient faits les troupes françaises, que Louis XIV promit de payer à l'Électeur. Tous les efforts qu'il fit pour disposer le roi de France à comprendre les Hollandais dans cette paix, furent inutiles; il s'était sacrifié pour sauver cette malheureuse république. Si tant de princes plus puissants que lui eussent imité en partie sa générosité, la Hollande aurait été sauvée plus tôt, et l'Électeur ne se serait pas vu contraint de plier sous la puissance du roi le plus formidable de l'Europe.

Louis XIV avait terrassé les Hollandais, obligé leurs alliés à les abandonner, et contenu les deux maisons d'Autriche dans l'inaction; cependant l'arc de triomphe qu'on lui fit ériger devant la porte Saint-Denis pour la conquête de la Hollande, n'était pas encore achevé que cette conquête fut perdue. Les Français avaient occupé trop de places, ce qui affaiblit considérablement leurs armées; ils avaient négligé de s'emparer d'Amsterdam, l'âme de cet État; les Hollandais lâchèrent leurs écluses pour se sauver; Turenne ne put empêcher la jonction du prince d'Orange et de Montécuculi : toutes ces choses jointes ensemble firent perdre aux Français leur avantage, et les contraignirent d'évacuer la Hollande. Louis XIV, afin de regagner la supériorité d'un autre côté, s'empara de la Franche-Comté; Turenne entra dans le Palatinat; ses troupes y commirent des excès énormes. L'Électeur palatin, qui de son château avait vu brûler plusieurs villages, s'en