<83> plaignit à la diète; et l'Empereur, qui avait tranquillement vu subjuguer la Hollande, sortit de sa léthargie pour secourir l'Empire : il rompit avec le roi de France; et c'est peut-être la seule guerre que la maison d'Autriche ait entreprise pour la sûreté et la défense de l'Allemagne.

Léopold se joignit à l'Espagne et à la Hollande; et Frédéric-Guillaume s'engagea de conduire seize mille hommes au secours de l'Empire; les Hollandais et les Espagnols lui promirent de le soulager en partie dans l'entretien de ses troupes. Comme Louis XIV attaquait l'Empire, la résolution que l'Électeur prit de le secourir dans cette occasion, n'était point contraire aux engagements qui subsistaient avec la France depuis la paix de Vossem.

Le commencement de cette campagne fut malheureux pour les alliés : le prince d'Orange venait d'être battu à Seneffe par le prince de Condé; Turenne, qui avait passé le Rhin à Philippsbourg, remporta une victoire sur le vieux Caprara, combattit le duc de Lorraine, Charles IV, à Sinzheim, et marcha de là à Holzheim, où il défit Bournonville, qui commandait un gros corps d'Impériaux.

L'Électeur passa le Rhin à Strasbourg, et joignit Bournonville peu de jours après sa défaite : il trouva les généraux qui commandaient cette armée divisés et animés les uns contre les autres, et plus occupés à se nuire qu'à vaincre les ennemis.

Depuis la jonction des Brandebourgeois, l'armée impériale était forte de plus de cinquante mille hommes; l'Électeur, qui cherchait la gloire et qui voulait combattre, pressa Bournonville d'y consentir, mais vainement. L'armée prit le camp de Kochersberg; les Brandebourgeois s'emparèrent du petit château de Wasselnheim; et Turenne, qui méditait un plus grand coup, repassa la Sarre et se retira en Lorraine.

Ainsi se perdit infructueusement cette campagne, où les troupes de l'Empire, manquant de profiter de leur supériorité, laissèrent à