<94> par des combats. Il gagna plus par ses négociations à la paix de Westphalie, qu'il ne gagna pendant tout le cours de sa vie par les armes et par ses nombreuses victoires.

La guerre continua en Poméranie : les Suédois enlevèrent sur l'île de Rügen deux détachements, l'un danois, l'autre brandebourgeois, chacun fort de six cents hommes; et le roi de Danemark perdit Christiania et l'îlea de Blekinge.

La fortune de l'Électeur ou, pour mieux dire, son habileté, n'étant assujettie à aucun hasard, parut dans cette guerre également stable. Il reçut un secours de quatre mille Lünebourgeois, avec lesquels et à l'aide des vaisseaux danois, il fit une descente dans l'île de Rügen, en chassa les Suédois, et leur enleva la Fahrschanze; il s'empara tout de suite de l'île de Bornholm,b passa à Stralsund, et fit bombarder cette ville avec tant de vivacité, qu'elle se rendit au bout de deux jours. Il termina enfin cette belle campagne par la prise de Greifswald.

Il semblait que la fortune se plût à fournir des occasions à ce prince, où il pût déployer ses grands talents : à peine avait-il fini sa campagne, qu'il apprit que le général Horn était venu de la Livonie inonder la Prusse avec seize mille Suédois. Il reçut cette nouvelle sans étonnement, et y remédia sans embarras : son esprit fertile en expédients lui fournissait en foule des projets, dont il ne lui restait à faire que le choix et l'application. Il pensa et il exécuta dans le même moment : le général Görtzke fut détaché avec trois mille hommes; il arriva heureusement à Königsberg, où il se joignit à Hohendorff,c et se tint dans l'inaction jusqu'à l'arrivée de l'Électeur.

Pour fortifier son parti, Frédéric-Guillaume fit une alliance défensive avec ces mêmes Hollandais qui l'avaient abandonné avec tant


a Le district.

b Dänholm.

c Gaspard de Hohendorff, colonel de cavalerie.