<XLVII> de lumière et des clairs-obscurs qui la font valoir, et mettent le public en état de la considérer avec l'attention qu'elle mérite.

Un homme qui ne se croit pas tombé du ciel, qui ne date pas l'époque du monde du jour de sa naissance, doit être curieux d'apprendre ce qui s'est passé dans tous les temps et dans tous les pays. Si son indifférence ne prend aucune part aux destinées de tant de grandes nations qui ont été les jouets de la fortune, du moins s'intéressera-t-il à l'histoire du pays qu'il habite, et verra-t-il avec plaisir les événements auxquels ses ancêtres ont participé. Qu'un Anglais ignore la vie des rois qui ont occupé le trône de Perse; qu'il confonde ce nombre infini de papes qui ont gouverné l'Église : on le lui pardonnera; mais on n'aura pas la même indulgence pour lui, s'il n'est point instruit de l'origine de son parlement, des coutumes de son île, et des différentes races de rois qui ont régné en Angleterre.

On a écrit l'histoire de tous les pays policés de l'Europe : il n'y avait que les Prussiens qui n'eussent point la leur. Je ne compte point au nombre des historiens un Hartknoch, un Pufendorf, auteurs laborieux, à la vérité, qui ont compilé des faits, et dont les ouvrages sont plutôt des dictionnaires historiques que des histoires mêmes; je ne compte point Lockelius, qui n'a fait qu'une chronique diffuse, où l'on achète un événement intéressant par cent pages d'ennui : ces sortes d'auteurs ne sont que des manœuvres, qui amassent, scrupuleusement et sans choix, quantité de matériaux qui restent inutiles jusqu'à