<XLVIII> ce qu'un architecte leur ait donné la forme qu'ils devaient avoir. Il est aussi peu possible que ces compilations fassent une histoire, qu'il est impossible que des caractères d'imprimerie fassent un livre, à moins d'être arrangés dans l'ordre qui leur fait composer des mots, des phrases et des périodes. La jeunesse impatiente et les gens de goût avares de leurs moments, ne se prêtent que difficilement à la lecture de ces volumes immenses; des lecteurs qui s'humanisent avec une brochure, s'épouvantent d'un in-folio; et, par ces raisons, les auteurs que je viens de nommer, étaient peu lus, et l'histoire de Brandebourg et de Prusse, peu connue.

Dès le règne de Frédéric Ier, on sentit le besoin qu'on avait d'un auteur qui rédigeât, dans une forme convenable, cette histoire. Teissier fut appelé de Hollande pour se charger de cet ouvrage : mais Teissier fit un panégyrique, au lieu d'une histoire; et il paraît qu'il a ignoré que la vérité est aussi essentielle à l'histoire, que l'âme l'est au corps humain.

J'ai trouvé devant moi cette carrière vide, et j'ai essayé de la remplir, tant pour faire un ouvrage utile, que pour donner au public une histoire qui lui manquait. J'ai puisé les faits dans les meilleures sources que j'ai trouvées : dans les temps reculés, j'ai eu recours à César et à Tacite; dans les temps postérieurs, j'ai consulté la Chronique de Lockelius, Pufendorf, et Hartknoch; et surtout j'ai dressé mes Mémoires sur les fastes et les documents authentiques qui se trouvent dans les archives