<246>Dans le moment, le grand diable sait comme,
Fondent sur moi ces brandons de Sodome;
Et pour avoir la paix dans la maison,
Nécessité fut de n'être sévère.
Je devins donc leur malheureux plastron,
Et lorsqu'en rut se sentait quelque père,
J'étais, hélas! sa monture ordinaire.
Ainsi voyez que mon cœur vertueux
Fut malgré lui plongé dans cet abîme.
Oui, le destin, dans ce monde orageux,
A la vertu nous force, comme au crime.
Je ne pus donc éviter mon destin;
Mais excédé du rôle féminin,
Je désertai de l'école d'Ignace,
Et me sauvai, un jour, de bon matin,
Chez un enfant de la grâce efficace;
Pour me venger de mes ribauds déçus,
Je m'enrôlai dessous Jansénius.
Autres tyrans, autres mœurs, autre école!
Saint Augustin, Pascal, Arnaud, Nicole,
Étaient cités sans fin, sans nul propos;
De ce parti c'étaient les grands héros.
L'enthousiasme, égarant leurs dévots,
Forgea dès lors pour eux nouveaux miracles :
Des fous perclus sautent sur des tombeaux;
Des gens sensés donnèrent ces spectacles.
On exorcise, on rêve des oracles,
Et tant on fit, que le sage Louis
Bien défendit miracles à Paris.20
Pour moi, voyant les fourbes de l'Église,


20 L'abbé Paris. [Voyez t. I, p. 241.]