<120>Sur les pas du fameux Alcide,
Moi donc, qui m'oppose aujourd'hui
A des brigands aussi perfides,
A des monstres plus homicides
Que ceux qu'il écrasa sous lui,
Prétends-tu que ma main déçue,
Faite à manier sa massue,
Déchire du premier début
Les cordes de l'aimable luth
De Tibulle et de la Chapelle,
Ou la lyre à mes doigts rebelle
Sur laquelle Homère chanta,
Et rendit la fable immortelle,
Que son beau génie inventa?a
Ah! laisse ma muse grossière,
Avec son harnois martial,
Couvert de sang et de poussière,
S'escrimer comme un Annibal,
Comme Amadis ou Diomède,
Don Quichotte, Ajax ou Tancrède,
Et de la guerre qui m'excède
Abréger le cours infernal.
Bientôt la gazette fidèle
T'apprendra la grande nouvelle
Que nos preux chevaliers errants,
Marchant en pompe solennelle,
Ont attaqué, remplis de zèle,
Des moulins qu'agite le vent,
Dont ils emporteront une aile.


a Voyez t. XI, p. 65.