<146>Puisqu'elle m'a fait souhaiter
De celle que mon cœur s'efforce à mériter,
Qui règne pour jamais sur mon âme asservie.
Et que n'aurais-je pas sans elle à redouter?
De ce pauvre Gresseta et de sa poésie,
De sa sèche monotonie,
En le voyant toujours, on doit se dégoûter;
L'absence est comme une magie,
Sa douce illusion a le don d'enchanter.
Plus je pense et plus je médite,
Plus je lui pardonne mes maux,
Puisqu'elle ajoute à mon mérite,
En diminuant mes défauts.

Dittmannsdorf, 3 août 1762.

VII. RELATION DE CAMPAGNE.b

Je vois ici comment on prend des villes
Dont les soldats, pareils à des Achilles,
Mènent grand bruit, en se défendant bien.
Tous ces exploits, en dangers si fertiles,
Très-glorieux, ne me touchent en rien.


a Surnom que Frédéric donnait par plaisanterie à M. de Catt.

b Voyez l'autre leçon de cette pièce qui se trouve dans le t. XII, p. 263-265.