<285> de vous revoir. Le bon Joyard peut faire son voyage en toute sûreté. Il lui faut cependant des passe-ports, qu'il aura bien la prudence de se procurer d'avance. Un gargotier me suffit pour le présent, et, l'hiver, Noëla est en état de contenter l'épicurien le plus gourmet de l'Europe. Quand on a Noël et le marquis, on peut contenter les délices du corps et de l'esprit, et nourrir l'un et l'autre. Je vous crois à présent occupé de Plutarque, comme je le suis de Loudon. Vous travaillez sur un philosophe, et moi sur un maudit homme dévoré d'ambition et d'une inquiétude épouvantable. Vous réussirez, marquis, dans votre traduction, et j'espère de même de mener ma campagne heureusement à sa fin. Adieu, mon cher marquis; donnez-nous encore un gros mois, et nos opérations seront achevées. J'espère ensuite de vous revoir et de vous assurer de toute mon estime.

193. AU MÊME.

Strehlen, 27 septembre 1761.

Je vois, mon cher marquis, qu'il y a une grande différence d'envisager les événements en général, ou d'en connaître le détail. Ce sont ces détails qui en font apercevoir les bonnes ou mauvaises suites, et c'est précisément de quoi je dois m'occuper. Ainsi ne vous étonnez pas si les mêmes événements nous paraissent si différents, et s'il arrive que vous prenez pour des bagatelles ce que j'envisage comme de la plus grande importance. Je ne presse point cette matière, et je me garde bien de l'expliquer plus amplement. Cette campagne n'est certainement pas encore finie, et il faut attendre le mois de décembre


a Voyez t. XIII, p. 98, et ci-dessus, p. 158.