<54> ils avaient du foin pour enseignes; quand ils furent populum late regem,a ils eurent des aigles d'or.

Ovide, dans ses Fastes,b dit expressément des anciens Romains :

Non illi coelo labentia signa movebant,
Sed sua, quae magnum perdere crimen erat;

antithèse assez ridicule de dire : « Ils ne connaissaient point les signes célestes, ils ne connaissaient que les signes de leurs armées. » Il continue, et dit, en parlant de ces enseignes :

Iliaque de foeno; sed erat reverentia foeno,
Quantum nunc aquilas cernis habere tuas
Pertica suspensos portabat longa maniplos :
Unde maniplaris nomma miles habet.

Voilà mes bottes de foin bien constatées. A l'égard des premiers temps de leur histoire, je m'en rapporte à V. A. R. comme sur tous les premiers temps. Que pensez-vous de Rémus et de Romulus, fils du dieu Mars? de la louve? du pivert? de la tête d'homme toute fraîche qui fit bâtir le Capitole? des dieux de Lavinium qui revenaient à pied d'Albe à Lavinium? de Castor et de Pollux combattant au lac Régille? d'Attius Naevius qui coupait des pierres avec un rasoir? de la vestale qui tirait un vaisseau avec sa ceinture? du palladium? des boucliers tombés du ciel? enfin de Mucius Scévola, de Lucrèce, des Horaces, de Curtius, histoires non moins chimériques que les miracles dont je viens de parler? Monseigneur, il faut mettre tout cela dans la salle d'Odin, avec notre sainte ampoule, la chemise de la Vierge, le sacré prépuce, et les livres de nos moines.

J'apprends que V. A. R. vient de faire rendre justice à M. Wolff. Vous immortalisez votre nom; vous le rendez cher à tous les siècles en protégeant le philosophe éclairé contre le théologien absurde


a Virgile, Énéide, liv. I, v. 21.

b Livre III, v. 113-118.