<262>Un fort accès de goutte m'a empêché jusqu'ici, madame, de voir l'envoyé de Bavière qui vient d'arriver; mais j'espère de le voir la semaine qui vient. Je fais, en attendant, mille vœux pour la conservation de V. A. R., la priant de ne point oublier durant ses voyages son vieil adorateur, qui ne cessera d'être avec les sentiments de la plus haute estime, etc.

157. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 15 mars 1772.



Sire,

Jamais on n'a mieux su que Votre Majesté qu'un bienfait accéléré devient encore plus cher à ceux qui en jouissent. C'est ainsi que je considère vos lettres, Sire; mais je n'ai garde d'abuser de votre complaisance. Vos moments sont d'un trop grand prix, et je me rendrais coupable au monde entier, si je vous en dérobais trop. Cette crainte m'a fait différer jusqu'à l'instant de mon départ le plaisir suprême de m'entretenir avec V. M. Je pars en deux jours; je ne serai pas avec mon frère aussi longtemps que je le désirerais, puisque, selon le plan que j'ai dû me faire, je compte avoir vu, avant les grandes chaleurs, une partie de l'Italie, Saint-Marc, le Capitole, et le Vésuve. Je conviens, Sire, que, après le voyage de Potsdam, je n'en pourrais guère entreprendre de plus agréable que celui que je vais faire; et j'avoue encore que la statue de Marc-Aurèle sera plus intéressante à voir que la gothique effigie de Charlemagne. Mais ces Romains, qui ne se disaient pas magnes, et que nous n'en appelons pas moins grands, vu