<246> ministre de Schlabrendorff,a quoique sous le sceau du dernier secret, et que je tâcherai d'y venir du côté de Haynau, ou autour de Jauer, ou aux environs, selon les circonstances qui se présenteront alors; pour le temps quand je pourrai proprement exécuter cela, vous vous représentez bien que je ne le saurais pas fixer. Le pas le plus difficile à faire, ce sera de repasser l'Elbe; tout le reste ira facilement. Dans la situation où nous nous trouvons, moi et vous, mon cher frère, il faut indispensablement que les choses parviennent à une affaire décisive, soit de votre, soit de ma part. Nous ne saurions absolument plus éviter de combattre, ce que je vous prie de vous imprimer en tête, et qu'il est d'une nécessité absolue que les choses parviennent à quelque affaire décisive; sinon, nous sécherons sur pied, nous nous consumerons nous-mêmes, et à la fin les choses empireront bien au delà de ce qu'elles sont à présent. Ainsi tenons-nous cela pour dit, et n'évitons pas les occasions propres à nous y conduire; en temporisant, nous risquons notre perte certaine. J'aurais pris pour une faveur de la fortune si j'avais pu mener ici les choses à une bataille avec Daun. J'aurais eu au moins le corps de Hülsen avec moi, qu'il me faudra quitter à présent, pour le laisser ici. Mais imprimez-vous bien qu'il faudra que je combatte avec Daun, soit au passage de l'Elbe, soit quand je voudrai entrer en Silésie. Soyez assuré que cela ne saura pas se démêler sans ceci, et je me rendrais responsable devant tout le monde honnête, si je voulais rester ici les bras croisés, tandis que tous mes États sont exposés aux plus éminents périls. Je suis avec toute la considération la plus distinguée et avec bien de l'attachement, etc.


a Ernest-Guillaume de Schlabrendorff, né le 4 février 1719 à Gröben, près de Ludwigsfelde, dans la Marche de Brandebourg, fut nommé ministre d'État et président des chambres de Silésie le 26 septembre 1755; il mourut à Breslau le 14 décembre 1769, chevalier de l'ordre de l'Aigle noir. Il occupe une place honorable sur le piédestal de la statue de Frédéric, par Chrétien Rauch.