<110> de s'appliquer aux beaux-arts. Ce ne fut que vers la fin du règne de Louis XIII, après que les plaies des guerres civiles furent guéries, sous le ministère du cardinal de Richelieu, dans des temps qui favorisaient cette entreprise, qu'on reprit le projet de François Ier. La cour encouragea les savants et les beaux esprits, tout se piqua d'émulation et bientôt après, sous le règne de Louis XIV, Paris ne le céda ni à Florence ni à Rome. Que se passait-il alors en Allemagne? Précisément lorsque Richelieu se couvrait de gloire en polissant sa nation, c'était le fort de la guerre de trente ans. L'Allemagne était ravagée et pillée par vingt armées différentes, qui, tantôt victorieuses, tantôt battues, amenaient la désolation à leur suite. Les campagnes étaient dévastées, les champs, sans culture, les villes, presque désertes. L'Allemagne n'eut guère le temps de respirer après la paix de Westphalie : tantôt elle s'opposait aux forces de l'empire ottoman, très-redoutable alors; tantôt elle résistait aux armées françaises qui empiétaient sur la Germanie pour étendre l'empire des Gaules. Croit-on, lorsque les Turcs assiégeaient Vienne, ou lorsque Mélac saccageait le Palatinat, que les flammes consumaient les habitations et les villes, que l'asile de la mort même était violé par la licence effrénée des soldats, qui tiraient de leur tombeau les cadavres des électeurs pour s'en approprier les misérables dépouilles; croit-on que dans des moments où des mères désolées se sauvaient des ruines de leur patrie, en portant leurs enfants exténués d'inanition sur leurs bras, que l'on composait à Vienne, à Mannheim, des sonnetti, ou que l'on y faisait des épigrammes? Les Muses demandent des asiles tranquilles; elles fuient des lieux où règne le trouble et où tout est en subversion. Ce ne fut donc qu'après la guerre de succession que nous commençâmes à réparer ce que tant de calamités successives nous avaient fait perdre. Ce n'est donc ni à l'esprit ni au génie de la nation qu'il faut attribuer le peu de progrès que nous avons fait; mais nous ne devons nous en prendre qu'à une suite de conjonctures fâcheuses, à un enchaînement