<111> de guerres qui nous ont ruinés et appauvris autant d'hommes que d'argent.

Ne perdez pas le fil des événements; suivez la marche de nos pères, et vous applaudirez à la sagesse qui a dirigé leur conduite : ils ont agi précisément comme il était convenable à la situation où ils se trouvaient. Ils ont commencé par s'appliquer à l'économie rurale, à remettre en valeur les terres qui, faute de bras, étaient demeurées sans culture; ils ont relevé les maisons détruites; ils ont encouragé la propagation. On s'est partout appliqué à défricher des terres abandonnées; une population plus nombreuse a donné naissance à l'industrie; le luxe même s'est introduit, ce fléau des petites provinces, et qui augmente la circulation dans les grands États. Enfin voyagez maintenant en Allemagne, traversez-la d'un bout à l'autre, vous trouverez partout sur votre chemin des bourgades changées en villes florissantes : là, c'est Munster, plus loin, c'est Cassel, ici, c'est Dresde et Géra. Allez dans la Franconie, vous trouverez Würzbourg, Nuremberg. Si vous approchez du Rhin, vous passerez par Fulde et Francfort-sur-le-Main, pour aller à Mannheim, de là à Mayence et à Bonn. Chacune de ces cités présente au voyageur surpris des édifices qu'il ne croyait pas trouver dans le fond de la forêt hercynienne. La mâle activité de nos compatriotes ne s'est donc pas bornée à réparer les pertes causées par nos calamités passées; elle a su aspirer plus haut, elle a su perfectionner ce que nos ancêtres n'avaient qu'ébauché. Depuis que ces changements avantageux se sont opérés, nous voyons l'aisance devenir plus générale; le tiers état ne languit plus dans un honteux avilissement; les pères fournissent à l'étude de leurs enfants sans s'obérer. Voilà les prémices établies de l'heureuse révolution que nous attendons; les entraves qui liaient le génie de nos aïeux, sont brisées et détruites; déjà l'on s'aperçoit que la semence d'une noble émulation germe dans les esprits. Nous avons honte qu'en certains genres nous ne puissions pas nous égaler à nos voisins; nous désirons