<17>qu'un certain Ziska fut leur chef, ce parti fut redoutable : Ziska remporta quelques victoires sur les troupes de Wenceslas et d'Ottocare,a rois de Bohême; mais, après sa mort, les Hussites furent en partie chassés de ce royaume; et l'on ne voit point que la doctrine de Jean Huss se soit étendue hors de la Bohême.

L'ignorance était parvenue à son comble dans les XIVe et XVe siècles; les ecclésiastiques n'étaient pas même assez instruits pour être pédants. Le relâchement dans les mœurs et la vie licencieuse des moines, faisaient que l'Europe ne poussait qu'un cri pour demander la réforme de tant d'abus. Les papes abusaient même de leur pouvoir à un point qui n'était plus tolérable; Léon X faisait dans la chrétienté un négoce d'indulgences, pour amasser les sommes dont il avait besoin pour bâtir la basilique de Saint-Pierre à Rome. On prétend que ce pape fit présent à sa sœur Cibo du produit que rapporteraient celles que l'on vendrait en Saxe. Ce revenu casuel fut affermé : ces étranges fermiers, voulant s'enrichir, choisirent des moines et des quêteurs propres à ramasser les plus grandes sommes; et les commis de ces indulgences en dissipèrent une partie par des désordres scandaleux. Un inquisiteur, nommé Tetzel, et des dominicains, furent ceux qui, s'acquittant si mal de cette commission, donnèrent lieu à la réforme. Le vicaire-général des augustins, nommé Staupitz, dont l'ordre avait été en possession de ce négoce, ordonna à un de ses moines, nommé Luther, de prêcher contre les indulgences. Dès l'an 1516, Luther avait déjà combattu les scolastiques; il s'éleva alors avec plus de force contre ces abus : il avança d'autres propositions douteuses, puis il les soutint, en les munissant de nouvelles preuves. Il fut enfin excommunié du pape, en 1520. Il avait goûté le plaisir de dire ses sentiments sans contrainte; il s'y livra depuis sans bornes. Il renonça au froc, et épousa Catherine de Bora, en 1525, encourageant par son exemple les prêtres et les moines à rentrer dans les droits de la nature et de la raison. S'il rendit des citoyens à la patrie, il lui rendit aussi son patrimoine, en mettant dans son parti beaucoup de princes, pour qui la dépouille des biens ecclésiastiques était une douce amorce. L'électeur de Saxe fut le


a Sigismond.