<156>Ses palmes sont flétries, ses lauriers sont fanés;
Mon âme, de soupirs et de larmes nourrie,
star2De ses douleurs trop attendrie,
Pourra-t-elle survivre aux jours infortunés
Qui sont près d'éclairer la fin de ma patrie?
Devoirs jadis sacrés, désormais superflus!
Défenseur de l'État, mon bras ne peut donc plus
Venger son nom, venger sa gloire,
En perpétuant la mémoire
De nos ennemis confondus!
Nos héros sont détruits, nos triomphes perdus;
Par le nombre, par la puissance
Accablés, à demi vaincus,
Nous perdons jusqu'à l'espérance
De relever jamais nos temples abattus.
Vous, de la liberté héros que je révère,
O mânes de Caton! ô mânes de Brutus!
Votre illustre exemple m'éclaire
Parmi l'erreur et les abus;
C'est votre flambeau funéraire
Qui m'instruit du chemin, peu connu du vulgaire,
Que nous avaient tracé vos antiques vertus.
+Tes simples citoyens, Rome, en tes temps sublimes,
Étaient-ils donc plus magnanimes
Que, ce siècle, les plus grands rois?
Non, il s'en trouve encor qui, jaloux de ses droits,
Fermement résolu de vivre et mourir libre.
De lâches préjugés osant braver les lois,


++ Le texte primitif porte :
     

De tant de malheurs attendrie,

et à la marge se trouve le vers amélioré :
     

De ses douleurs trop attendrie.

+ Var.
     

Rome, tes citoyens, en tes siècles sublimes.
Étaient-ils donc plus magnanimes
Qu'aujourd'hui les plus grands rois?
Non, il s'en trouve encor qui, jaloux de ses droits,
Qui, voulant vivre et mourir libre,
De lâches préjugés osant braver les lois,
Imite les vertus du Tibre.