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260. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Quartier général Ottmachau, 14 janvier 1741.

Monsieur de Podewils. Votre mémoire du 8 de ce mois m'a été rendu, et j'y ai trouvé vos réflexions sur la situation présente de mes affaires, et sur les expédients qu'il nous faudra employer pour en tirer des avantages solides. Quoique j'aie cru nécessaire de nous concilier la faveur de la France et de ses alliés, par la perspective de leurs intérêts, j'ai toujours regardé une liaison avec ces puissances comme un pis aller, s'il n'y avait pas de meilleurs moyens de venir à notre but. Ainsi il faut mettre tout en œuvre pour nous procurer par la médiation de la Russie et de l'Angleterre la possession d'une bonne partie de la Silésie, contre un équivalent raisonnable en argent et autrement; et pour les y mener, employons les amorces de l'Ostfrise, des bailliages de Mécklembourg, de la Courlande, et du rétablissement du duc de Mécklembourg. Mais en cas que ces deux cours, au lieu de s'y prêter, voulussent s'aviser de prendre hautement le parti de Vienne, et de m'attaquer sous le prétexte de la Sanction Pragmatique, il n'y aura pas d'autre ressource que de se jeter dans les bras de la France, et de forcer, pour ainsi dire, son destin. Je suis etc.

Federic.

Il faut adresser l'incluse par la poste de Dresde.

Vous recevrez encore une lettre de ma part.

Nach der Ausfertigung. Der zweite Zusatz eigenhändig.


261. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Quartier général Ottmachau, 14 janvier 1741.

Monsieur de Podewils. Vous aurez compris par ma lettre d'aujourd'hui combien j'entre dans vos idées touchant les expédients de finir glorieusement l'entreprise sur la Silésie. Comme j'espère de pouvoir l'achever dans peu de jours par la prise de Neisse, vous devez travailler le plus fortement du monde à porter la Russie à la médiation, et à y joindre, s'il est possible, l'Angleterre, ces deux puissances étant en état de faire entendre raison à la cour de Vienne et de la mener à un accommodement raisonnable et utile aux deux parties. Vous savez que je ne m'obstine pas de demander l'entière Silésie, et pour vous mettre pleinement au fait de mes vues, je vous dirai en confiance que je me contenterai de la Basse-Silésie, et dans tout cas1 d'un peu moins. Si nous pouvions acquérir la ville de Breslau, j'en serais fort satisfait, encore que cette possession me dût coûter quelque dépense extra-ordinaire. Mais en cas qu'il y eût de l'impossibilité de l'obtenir, il faudrait chercher un tempérament convenable pour sauver cette bonne ville de



1 Sic.