186. AU CAPITAINE ANDRIÉ A LONDRES.

Berlin, 6 décembre 1740.

Vos dépêches du 22 et du 25 du mois passé mon été rendues.

Vous pouvez assurer tous ceux qui vous parlent, touchant mes sentiments sur les conjonctures présentes, qu'ils ne sauraient être plus avantageux qu'ils le sont réellement pour le maintien du système de l'Empire et de l'équilibre de l'Europe, aussi bien que la conservation de la maison d'Autriche, et même le véritable intérêt de la Grande-Bretagne et de la religion protestante; je suis prêt de contracter là-dessus avec l'Angleterre, la Hollande et la Russie tels engagements qu'on trouvera à propos pour parvenir à ce but salutaire, ainsi que vous l'apprendrez en détail peut-être avant l'arrivée de celle-ci.

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Mais on ne saurait prétendre que je sacrifie mes États, mes forces, et mon argent, pour le service d'une cour qui se trouve embourbée pardessus les oreilles, sans en retirer le moindre avantage, et sans faire valoir en même temps les droits incontestables de ma maison.

Il est certain que dans l'Empire je puis faire pencher la balance où je veux, mais il est certain aussi qu'en le faisant, je m'expose au ressentiment de la France et de tous ses alliés, tant dans l'Empire même que dans le Nord, et si on croit qu'on veut se servir de moi comme des pattes du chat pour tirer les marons du feu, on se trompe furieusement. Ainsi il me faut de tout nécessité la convenance que je propose dans une lettre ample que j'ai écrite là dessus au roi d'Angleterre, et et que vous recevrez peut-être avant l'arrivée de celle-ci.

Je m'y suis référé dans la réponse que j'ai donnée de bouche au sieur Guy Dickens sur les discours qu'il m'a tenus l'autre jour,125-1 et j'espère qu'on y fera une attention sérieuse, d'autant plus qu'elle décidera du parti que je prendrai et du salut de l'Allemagne et principalement de celui de la maison d'Autriche.

Federic.

H. de Podewils.

Nach der Ausfertigung.



125-1 Vergl. v. Raumer, Beiträge zur neueren Gesch. II, 82.