196. AU CONSEILLER DE LÉGATION D'AMMON A DRESDE.

Berlin, 11 décembre 1740.

Le sieur de Bülow, ministre de Saxe, est arrivé, mais à en juger par son premier début, il n'est chargé que de propositions générales pour une bonne union entre moi et le roi de Pologne, et pour agir de concert en ce qui pourrait avoir rapport à l'élection future d'un Empereur, à la capitulation prochaine, et aux autres affaires qui regardent l'Empire.

On lui a serré le bouton pour voir s'il ne cachait rien au fond du sac, par rapport aux vues que vous avez dit que l'on avait en Saxe sur la succession de la maison l'Autriche, et nommément sur la Bohême.

Mais il a protesté fortement, jusqu'ici, qu'il n'est chargé d'aucune proposition sur tout cela, et que sa cour veut savoir comment on pense là-dessus ici.

Vous devez donc dire au comte de Brühl que les assurances d'amitié que le susdit ministre m'a données de la part du Roi son maître me sont infiniment agréables et que je ne demande pas mieux que d'entrer dans la plus étroite union avec lui pour les intérêts réciproques de nos deux maisons. Mais comme je suis sur le point de faire valoir mes droits sur la Silésie, et même d'y entrer avec un corps de troupes, ce que je veux bien lui confier, j'espère qu'il voudra sonder le Roi son maître et vous faire savoir ce qu'il pense là-dessus, et quel parti il est intentionné de prendre en pareil cas, si ce sera celui de neutralité, ou bien s'il veut se concerter avec moi pour les convenances qu'il pourrait souhaiter qu'on lui fît, et si en ce cas-là il ne serait pas porté à faire quelque démarche vigoureuse, ne fût-ce que faire entrer un ou deux régiments en Bohême, sous prétexte qu'on a fait une brèche à la Sanction Pragmatique à Vienne au préjudice des droits de la reine de Pologne, en associant le duc de Lorraine à la possession et au gouvernement des États de la maison d'Autriche.

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Vous pouvez insinuer au comte de Brühl que s'il voulait faire donner des instructions secrètes au sieur de Bülow pour traiter là-dessus, on serait en état, en tirant la même corde, de faire nos affaires réciproquement et d'obtenir de la maison d'Autriche une juste satisfaction pour nos droits respectifs. Qu'en tout cas, il faut savoir ou j'en suis avec la Saxe, et ce que j'en dois craindre ou espérer pour prendre mes mesures là-dessus. Il faudra tourner le comte de Brühl de toute sorte de façon pour savoir quels sont les véritables sentiments de la cour de Dresde sur la démarche que je vais faire; mais gardez-vous bien de donner la moindre chose par écrit, et répondez-moi au plus vite de la façon la plus détaillée.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.137-1



137-1 Podewils berichtet an den König, 10. Dec: „J'ai dressé suivant les ordres que Votre Majesté m'a donnés ce soir de bouche, la dépêche ci-jointe pour le résident Ammon.“