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Je suis d'ailleurs assuré de bonne part que la cour de Vienne commence à présent d'adopter les sentiments du ci-devant chancelier d'Ulfeld par rapport à l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, savoir qu'on aimerait bien cette affaire achevée, mais qu'on ne voudrait pas trop sacrifier pour y parvenir, vu qu'on est persuadé qu'au cas de mort de l'Empereur, l'archiduc Joseph en vie, l'élection tomberait naturellement sur lui, au lieu que, s'il décédait avant son père, toutes les dépenses et sacrifices qu'on aurait faits, seraient perdus.

Mandez-moi, s'il est possible de le savoir déjà, si le roi d'Angleterre fera l'année qui vient le voyage d'Hanovre.

Comme l'on vient de débiter, au sujet du changement de religion fait par le prince héréditaire de Cassel, que la Princesse son épouse, ayant demandé au Roi son père la permission de pouvoir se retirer avec ses enfants à Hanovre, elle en avait reçu un refus tout net, je serais bien aise que vous vous informiez sous main là-dessus, afin de pouvoir me marquer combien cette nouvelle est exactement vraie ou non.

Federic.

Nach dem Concept.


6534. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Knyphausen berichtet, Fontainebleau 14. November: „J'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 29 du mois passé. Elle aura vu par mes lettres précédentes quelle est la réponse que le sieur Rouillé m'a donnée touchant le dessein qu'a Votre Majesté d'envoyer un ministre à la Porte. Il m'a dit depuis qu'il avait chargé le sieur de Bussy de lui rendre compte de tout ce qui s'était passé à cet égard entre Votre Majesté et la France du temps du ministère de milord Tyrconnell,1 où sa cour avait proposé pour la première fois à Votre Majesté de S'allier avec la Porte, pour y faire résider un ministre de Sa part, et qu'il me parlerait alors plus amplement sur les démarches qu'il conviendrait de faire faire à ce sujet. Je ne dois point cacher à Votre Majesté que je me suis aperçu, à travers des propos qu'il m'a tenus à cette occasion, que ses intentions paraissent être entièrement changées, et que, bien loin de désirer cette mission, il semble ne chercher actuellement qu'à la faire traîner en longueur. J'ai donc tout lieu de supposer que les autres ministres lui ont fait faire des observations à ce sujet qui ne s'étaient point

Potsdam, 26 novembre 1754.

J'ai reçu votre dépêche du 14 de ce mois, dont j'ai été bien satisfait par la manière que vous me l'avez rendu intéressante. Les différents traits qui sont échappés au sieur de Rouillé dans vos entretiens dont vous me rendez compte, m'ont surpris par les faux principes sur lesquels ils sont bâtis. Car, quant au commerce de mes États, on lui fait bien trop d'honneur que de croire qu'il soit sur un pied à pouvoir être poussé jusqu'aux échelles, et, supposé pour un moment qu'un de nos marchands voudrait hasarder de faire un trafic jusque là, ne courrait-il pas grand risque d'échouer d'abord dans son entreprise, par la première perte qu'il ferait par les corsaires d'Afrique, ainsi que raisonnablement il n'y aurait rien à craindre pour ceux qui



1 Zur Zeit des Marquis Valory. Vergl. Bd. VI, 523 ; VII, 230.