6006. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 21 août 1753.

Vous verrez par la dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, de quelle manière je me suis déclaré sur les nouveaux expédients que M. de Contest m'a fait proposer pour accommoder mes différends avec l'Angleterre par rapport aux prises maritimes, en consequence d'une dépêche qu'un courrier a portée en dernier lieu au chevalier de La Touche.55-2

M'étant expliqué dans la susdite dépêche à vous que ma première demande pour le dédommagement de mes sujets était de 120,000 écus d'Allemagne ou de 20,000 livres sterling, et que, s'il n'y avait pas moyen de porter l'Angleterre à payer cette somme, je voudrais me<56> contenter enfin de celle de 100,000 écus d'Allemagne, comme un ultimatum auquel j'étais résolu de me tenir inébranlablement et en qualité de tout dernier mot, je veux cependant vous dire encore que, nonobstant ce que dessus, si la France trouve le ministère tout-à-fait inflexible sur le susdit ultimatum, en sorte qu'il n'y aurait nul moyen d'en obtenir la somme de 100,000 écus, alors mon plus dernier mot sera la somme de 80,000 ou quatre vingt mille écus comme ultimatum de mes ultimata, mais dont aussi je ne me relâcherai absolument pas. C'est de cette façon-là que je veux et vous autorise par la présente de vous expliquer de ma part envers M. de Contest, en le priant cependant de vouloir bien diriger cette affaire de sorte qu'on ne parvienne à ces offres et surtout à mon tout dernier mot de 80,000 écus qu'à la dernière extrémité, et quand il n'y aura plus aucun autre moyen d'accommoder l'affaire.

Pour ce qui regarde ce que la dépêche du Département vous a marqué au sujet du traité fait entre la cour de Vienne et le duc de Modène, j'ai trouvé bon d'ajouter encore que, selon mes lettres particulières, il se pourrait bien que le roi de Sardaigne se soit expliqué comme s'il approuvait ledit traité, puisque dans le moment présent il n'y a pas d'autre parti à prendre pour lui, n'ayant pas grande liaison actuellement avec la France; mais que, si l'Impératrice-Reine devenait trop puissante, comme elle deviendra sûrement par ce traité, surtout en Italie, ce Prince serait obligé de prendre d'autres mesures. Mon intention est que vous devez communiquer tout ceci à M. de Contest, en lui insinuant de ma part que je laissais à sa réflexion si la France ne pourrait pas profiter de cette occasion assez propre pour ramener à soi la cour d'Espagne ou celle de Turin ou peut-être toutes les deux.

Federic.

Nach dem Concept.



55-2 Vergl. S. 52.