6106. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 17 novembre 1753.

J'attends avec beaucoup d'impatience que vous m'instruisiez bien en détail sur la véritable façon de penser de la France par rapport à mon différend avec l'Angleterre et aux autres affaires de conséquence que je lui ai communiquées par votre entremise. Car je ne saurais pas vous dissimuler, Milord, que vos dernières dépêches à la date du 4 de ce mois n'ont pas assez rempli mon attente là-dessus, par la manière un peu trop générale avec laquelle vous vous y êtes expliqué.

Observez donc, je vous le demande avec instance, que le rapport que j'attends de vous sur la dépêche très intéressante du 8 de ce mois,156-1 que je vous ai faite moi-même, soit bien circonstancié et parfaitement instructif, et pour que vous soyez à même de le faire de la sorte, entrez en bien des détails avec M. de Saint-Contest, dans les conférences que vous aurez avec lui sur le contenu de ladite dépêche et sur les deux points que j'y traite principalement. Dites-lui de mot en mot, s'il se peut, ce que je vous y ai marqué, et faites-le clairement expliquer là-dessus et ne me laisser plus languir après des réponses positives sur ces points. Songez que, pour me faire bien juger de la façon de penser des ministres de France, il faut bien que vous entriez avec eux dans de grands détails et que je n'y saurais parvenir, à moins que des dépêches bien circonstanciées et remplies de détails nécessaires ne m'y conduisent. Il ne se passe présentement aucun jour, soit dit pour<157> votre direction seule, qu'il ne m'arrive des avis de différents endroits sur les arrangements très sérieux que les cours alliées du roi d'Angleterre font sans bruit et sous mains. Il m'en paraît qu'il n'est plus temps de biaiser, mais qu'il faut bien que je sache à m'en pouvoir diriger si la France veut la guerre, en laissant prendre les affaires tel train qu'elles voudront, ou si elle veut employer efficacement les moyens qu'il faut, pour la prévenir à temps et de bonne heure encore; c'est sur quoi vos dépêches circonstanciées m'instruiront.

Quant aux nouveaux expédients que M. de Saint-Contest souhaite que je les proposasse pour concilier mon différend avec l'Angleterre au contentement des deux partis, je crois en avoir beaucoup et suffisamment fourni, pourvu qu'on y veuille réfléchir et en faire un bon usage, sans compromettre ma dignité; car quant à cet article, je demande que vous fassiez bien remarquer à M. de Saint-Contest ce que j'ai mis à ce sujet dans ma dépêche dessus alléguée, et que tout prêt que je suis à aplanir ce différend, je ne veux point ramper devant le roi d'Angleterre.

Au surplus, j'ai ordonné à mes ministres de faire attention sur ce que M. de Saint-Contest a désiré touchant le terme d'étrange qui s'est glissé dans le mémoire157-1 à présenter par mon chargé d'affaires à Londres, et d'y substituer un autre plus doux et convenable.157-2

Federic.

Nach dem Concept.



156-1 Nr. 6093 S. 146.

157-1 Vergl. S. 149.

157-2 Lord Marschall berichtet am 4. November: „Le mémoire que Votre Majesté Se propose de faire remettre par le sieur Michell au duc de Newcaste, a été également applaudi, ainsi que j'ai déjà l'honneur de le mander à Votre Majesté. M. de Saint-Contest voudrait seulement qu'on en retranchât le mot d'étrange ou qu'on l'adoucît par quelque autre expression, parceque, selon l'idiome de la langue fançaise, ce mot présente quelque chose de dur et même d'injurieux.“ Unter dem 14 November übermittelt Eichel an den Grafen Podewils den Befehl des Königs, dass „statt dessen singulier gesetzet werden könne.“