<250> supplié Votre Majesté de m'en faire parvenir Ses sentiments; je conçois combien de raisons pourront rendre mon importunité désagréable; mais ma confiance n'étant pas moindre que mon zélé dévouement pour Votre Majesté, j'ai cru de pouvoir et de devoir même agir si ouvertement. Mon sort étant entièrement remis à la haute disposition de Votre Majesté, je reconnais avec la plus vive reconnaissance et comme un trait de Sa haute bienveillance que Votre Majesté ait déjà daigné avoir soin de mes intérêts auprès de la cour de France.1 C'est Votre Majesté qui est l'arbitre de ce que j'ai à faire : si Elle trouve qu'en cas qu'on continue d'annexer au mariage de ma fille la condition d'un traité après l'expiration du présent, que, dis-je, en ce cas je doive écouter la cour d'Hanovre, il faudra attendre l'issue de cette affaire, avant que de pouvoir faire quelque pas pour la continuation du traité présent; si Votre Majesté ne le trouve pas, je suis prêt à recevoir, comme une marque des bontés suprêmes de Votre Majesté, la prolongation et l'amélioration du traité garanti par la France. Je n'attends que la décision de Votre Majesté. Je me flatte aussi de l'avoir sur ce que je dois répondre à Hanovre par rapport à la commission dont, malgré moi, on m'a chargé, et je serai au comble de ma joie, si Votre Majesté ne désapprouve pas ma conduite dans cette occurrence.

Potsdam, 12 août 1755.

Monsieur mon Cousin. La lettre que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me faire le 8 de ce mois, m'a vivement pénétré par la façon si obligeante et si amiable dont Elle S'est exprimée à mon égard, et de la confiance sans bornes avec laquelle Elle veut bien Se remettre à mes avis sur ce qui regarde Son affaire avec l'Hanovre. Elle voudra être bien persuadée que j'y répondrai de toute la mienne, et que mes sentiments pour Elle ne se démentiront jamais.

Comme Votre Altesse sera sans doute déjà informée par le prince Ferdinand, Son frère, de la façon dont je pense aux propositions qui Lui sont parvenues d'Hanovre, j'estime qu'il conviendra d'attendre des nouvelles sur l'impression que ma réponse2 à ces propositions y aura faite, et ce que l'on trouvera bon d'y répliquer.

Votre Altesse peut être, d'ailleurs, persuadée que j'ai bien à cœur que le mariage proposé par l'Hanovre de la Princesse Sa fille aînée se puisse constater, quoique de manière convenable à la dignité de Votre Altesse, à Son avantage et avec Sa sûreté; c'est en conséquence de ce principe que je Lui dirai avec ouverture de cœur que Ses intérêts, Sa dignité et la bonne [foi] demandent qu'Elle n'entre point en de nouveaux engagements avec l'Hanovre par quelque traité formel, avant que celui où Elle Se trouve actuellement engagée, ne soit expiré; j'ai même supposé cela, quand je lui ai suppédité l'avis d'offrir Ses troupes à l'Angleterre, pour y être transportées, au cas que celle-ci serait attaquée de dehors. Mais, s'il arrivait que le roi d'Angleterre fît annexer au mariage de la Princesse, fille de Votre Altesse, la condition d'un traité après l'expiration du présent, je suis du sentiment qu'Elle devait l'écouter sans balancer, surtout si cela se peut faire avec des sûretés convenables à Votre Altesse, pour ne pas être obligée de marcher plus loin qu'Elle ne voudrait. La situation des affaires politiques dont Votre Altesse ne peut voir toute l'étendue, est si critique dans les moments présents que



1 Vergl. S. 237.

2 Vergl. Nr. 6921.