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dans les appréhensions qu'il a conçues à-cet égard, est non seulement le traité qu'on croit avoir été conclu entre l'Angleterre et la cour de Brunswick, mais principalement la nouvelle qu'on a reçue ici, il y a quelques jours, que le margrave d'Anspach a pris des engagements avec l'Angleterre1 et s'est obligé par un traité de subsides à lui fournir plusieurs régiments en cas de guerre. Cette nouvelle donne d'autant plus d'inquiétude au ministère de France qu'on prétend savoir que le margrave d'Anspach a promis par le renouvellement des pactes de famille qui subsistent entre lui et Votre Majesté, de ne point contracter d'engagements à Son insu, et que l'on suppose par conséquent qu'Elle a donné Son consentement à cette alliance. On est donc très inquiet d'être éclairci sur ce point et de savoir avec précision quelles sont les dispositions dans lesquelles Votre Majesté Se trouve à l'égard de la France, et si Elle a effectivement pris des engagements avec l'Angleterre, comme plusieurs ministres de France le mandent à M. Rouillé.

Quant à ce qui concerne les éclaircissements que Votre Majesté désire d'avoir sur le degré d'influence que Madame de Pompadour a actuellement dans les affaires,2 Elle peut être persuadée que jamais son crédit n'a été plus grand et que, bien loin de diminuer, il va toujours en augmentant. On ne prend dans le Conseil aucune résolution d'une certaine importance, ni pour les affaires du dehors, ni pour celles de l'intérieur, dont elle ne soit instruite ou prévenue, et souvent même, excitée par les conseils de ses amis, elle donne l'éveil la première sur une infinité d'objets. Elle influe d'une façon bien plus marquée encore sur la distribution des grâces et la collation des charges, et les ministres perdent tous les jours de leur pouvoir à cet égard. Je pourrais en citer une infinité d'exemples à Votre Majesté, mais je me bornerai seulement à Lui dire que le duc de Nivernois et l'abbé de Bemis ont été proposés et, pour ainsi dire, nommés par elle aux deux ambassades les plus impor-

nistres de France, comme si je m'étais laissé entraîner dans le parti de l'Angleterre. Vous ne manquerez pas de vous ouvrir làdessus envers M. de Rouillé, en lui protestant que tout ce qui lui en était revenu, n'étaient absolument que des insinuations malignes et controuvées par mes ennemis, qui ne prétendaient mieux que me désunir par là avec la France, mais dont il n'y avait pas un mot de vrai, et que ni moi avais pris aucun engagement avec l'Angleterre, ni le duc de Brunswick fait nul traité avec la cour de Londres.3 Qu'à la vérité le margrave d'Anspach, à ce que j'en venais d'apprendre, avait fait un traité de subsides avec l'Angleterre, mais que c'avait été absolument à mon insu, de sorte que, quoique les pactes de famille obligent ce Prince de ne prendre aucun engagement contre mon gré et sans m'en avertir préalablement, il m'avait cependant caché entièrement cette démarche, ni m'y consulté et ne pas même jusqu'au moment présent en donné la moindre notice ni notification, de sorte que, si la nouvelle ne m'en fût parvenue d'autre part, j'ignorerais encore son engagement. Mais que ceci n'était apparemment que l'ouvrage d'un de ses ministres, qui, dévoué qu'il avait été toujours à la cour de Vienne,4 aurait entraîné son maître, embourbé de dettes,5 à faire cette démarche, tant pour l'aider par rapport à ses dettes que pour complaire à la cour de Vienne, qui aussi, par reconnais-



1 Vergl. S. 391.

2 Vergl. S. 360. 388.

3 Vergl. S. 398.

4 Seckendorff. Vergl. Bd. VIII, 65. 437.

5 Vergl. Bd. X, 437.