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tantes qu'il y ait dans ce moment-ci,1 et que c'est par son entremise que le duc de Mirepoix vient d'obtenir la lieutenance générale et le commandement du Languedoc. Il est certain qu'elle a eu pour l'Angleterre un penchant très marqué jusqu'au commencement des hostilités et qu'elle a eu beaucoup de part aux ménagements qu'on a gardés vis-à-vis de cette cour jusqu'à ce moment. Mais j'ai tout lieu de supposer que les soupçons que cette conduite a occasionnés,2 ont été destitués de fondement, et que les motifs qui l'ont fait agir, ne provenaient que de l'envie extrême qu'elle avait de conserver la paix, de l'opinion où elle était qu'on apaiserait infailliblement l'Angleterre à force de modération et de bons procédés. L'évènement lui a prouvé à quel point elle s'était trompée, et les hostilités commises en Amérique contre l'escadre du sieur Bois de la Mothe3 l'ont vivement piquée et lui ont inspiré le ressentiment le plus vif. Mais sa colère s'est insensiblement dépaysée et son intérêt l'a de nouveau entraînée vers la paix. Cette raison, jointe à l'état délabré où se trouvait la marine de France, et aux espérances que le ministère a conçues de temps à autre, ont été les seuls et vrais motifs de la faiblesse qu'on a marquée vis-à-vis de l'Angleterre, et ont fait soupçonner que le ministère de la Grande-Bretagne agissait de concert avec celui de France et qu'il y avait quelque négociation secrète sur le tapis entre les deux cours.4 Mais Votre Majesté peut être persuadée qu'il n'en est rien et que tous les bruits qu'on a répandus du contraire, sont absolument faux.“

sance, lui avait envoyé en après le brevet de son conseiller privé actuel, sauf de conserver son poste à Anspach. Ce que vous pouvez hardiment assurer à M. de Rouillé, à qui vous ferez, d'ailleurs, bien observer à cette occasion combien étaient dangereux les soupçons que mes ennemis avaient pris à tâche d'inspirer souvent à la France contre moi par de fausses insinuations,5 dont lui, M. de Rouillé, aurait plus d'un exemple, et combien, au contraire, avaient été fidèles les avis que j'avais communiqués à la France, mais qui très souvent n'avaient guère fait impression, jusqu'à ce que, quelquefois trop tard, les évènements les avaient vérifiés. Que ce qui m'avait été souvent sensible, c'est que j'avais été quelquefois le sacrifice de mes bonnes et fidèles intentions envers la France, vu le peu de secret qu'on m'en avait ménagé;6 que je ne prétendais pas relever ceci présentement, mais que je souhaiterais seulement qu'on me gardât plus de secret sur les avertissements que je donnais à la France, et que M. de Rouillé n'en fit jamais communication à quelqu'un, hormis au seul ministre à qui il fallut qu'il en fût instruit.

Au reste, j'ai été très satisfait du rapport que vous m'avez fait immédiatement touchant Madame de Pompadour; voilà de ces rapports que je souhaite de vous pour me servir d'instruction, et, aussi souvent que vous aurez l'occasion de m'en faire de pareils, il ne faut point que vous y manquiez. En attendant, je veux bien vous dire que des gens assez au fait des circonstances de la France m'ont assuré unanimement que Madame de Pompadour avait mis des sommes très considérables,



1 Bernis war zum Nachfolger des Grafen Duras in Madrid bestimmt. Vergl. S. 315.

2 Vergl. S. 381.

3 Vergl. S. 224.

4 Vergl. S. 360.

5 Vergl. S. 282.

6 Vergl. S. 294.