6922. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.

Schreiben des regierenden Herzogs von Braunschweig, Braunschweig 8. August: „Sire. Je m'abstiens des remercîments que je sens être dus à la manière de penser de Votre Majesté si grande et si gracieuse à mon égard, dont l'exprès de Votre Majesté m'a remis ce midi une nouvelle preuve.249-3 Veuille la Providence que toute ma vie me puisse fournir des moyens de prouver par les effets que je n'aspire qu'à m'en rendre digne par le dévouement le plus entier et la reconnaissance la plus vive.

Ma situation par rapport à la cour d'Hanovre est encore la même, on ne m'a rien déclaré depuis celle dont mon frère le prince Ferdinand aura fait rapport à Votre Majesté.249-4 C'est par ce même rapport que Votre Majesté aura vu ce qui m'a empêché de faire rien déclarer à la cour d'Hanovre, sans être informé des volontés de Votre Majesté qui me sont et seront l'unique règle. C'est en conséquence de ces sentiments que, comme mon frère aura déjà eu la grâce d'exposer à Votre Majesté, je laisserai plutôt échouer tout le projet du mariage de ma fille que de faire quelque chose contraire au traité conclu avec Votre Majesté. Je n'ai pas même osé exécuter le conseil de Votre Majesté de proposer des troupes auxiliaires à transporter en Angleterre,249-5 sans être éclairci sur le scrupule que j'ai cru de mon devoir de faire parvenir à Votre Majesté, et sur lequel la déclaration de Votre Majesté me servira de guide. Je suis, en outre, fermement résolu de n'entrer non plus en aucune proposition d'un traité pour l'avenir, et après l'expiration du traité lequel j'ai l'honneur d'avoir avec Votre Majesté,249-6 si ce n'est sous le bon plaisir de Votre Majesté, Je conçois toute la hardiesse de ma prière, quand j'ai<250> supplié Votre Majesté de m'en faire parvenir Ses sentiments; je conçois combien de raisons pourront rendre mon importunité désagréable; mais ma confiance n'étant pas moindre que mon zélé dévouement pour Votre Majesté, j'ai cru de pouvoir et de devoir même agir si ouvertement. Mon sort étant entièrement remis à la haute disposition de Votre Majesté, je reconnais avec la plus vive reconnaissance et comme un trait de Sa haute bienveillance que Votre Majesté ait déjà daigné avoir soin de mes intérêts auprès de la cour de France.250-1 C'est Votre Majesté qui est l'arbitre de ce que j'ai à faire : si Elle trouve qu'en cas qu'on continue d'annexer au mariage de ma fille la condition d'un traité après l'expiration du présent, que, dis-je, en ce cas je doive écouter la cour d'Hanovre, il faudra attendre l'issue de cette affaire, avant que de pouvoir faire quelque pas pour la continuation du traité présent; si Votre Majesté ne le trouve pas, je suis prêt à recevoir, comme une marque des bontés suprêmes de Votre Majesté, la prolongation et l'amélioration du traité garanti par la France. Je n'attends que la décision de Votre Majesté. Je me flatte aussi de l'avoir sur ce que je dois répondre à Hanovre par rapport à la commission dont, malgré moi, on m'a chargé, et je serai au comble de ma joie, si Votre Majesté ne désapprouve pas ma conduite dans cette occurrence.

Potsdam, 12 août 1755.

Monsieur mon Cousin. La lettre que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me faire le 8 de ce mois, m'a vivement pénétré par la façon si obligeante et si amiable dont Elle S'est exprimée à mon égard, et de la confiance sans bornes avec laquelle Elle veut bien Se remettre à mes avis sur ce qui regarde Son affaire avec l'Hanovre. Elle voudra être bien persuadée que j'y répondrai de toute la mienne, et que mes sentiments pour Elle ne se démentiront jamais.

Comme Votre Altesse sera sans doute déjà informée par le prince Ferdinand, Son frère, de la façon dont je pense aux propositions qui Lui sont parvenues d'Hanovre, j'estime qu'il conviendra d'attendre des nouvelles sur l'impression que ma réponse250-2 à ces propositions y aura faite, et ce que l'on trouvera bon d'y répliquer.

Votre Altesse peut être, d'ailleurs, persuadée que j'ai bien à cœur que le mariage proposé par l'Hanovre de la Princesse Sa fille aînée se puisse constater, quoique de manière convenable à la dignité de Votre Altesse, à Son avantage et avec Sa sûreté; c'est en conséquence de ce principe que je Lui dirai avec ouverture de cœur que Ses intérêts, Sa dignité et la bonne [foi] demandent qu'Elle n'entre point en de nouveaux engagements avec l'Hanovre par quelque traité formel, avant que celui où Elle Se trouve actuellement engagée, ne soit expiré; j'ai même supposé cela, quand je lui ai suppédité l'avis d'offrir Ses troupes à l'Angleterre, pour y être transportées, au cas que celle-ci serait attaquée de dehors. Mais, s'il arrivait que le roi d'Angleterre fît annexer au mariage de la Princesse, fille de Votre Altesse, la condition d'un traité après l'expiration du présent, je suis du sentiment qu'Elle devait l'écouter sans balancer, surtout si cela se peut faire avec des sûretés convenables à Votre Altesse, pour ne pas être obligée de marcher plus loin qu'Elle ne voudrait. La situation des affaires politiques dont Votre Altesse ne peut voir toute l'étendue, est si critique dans les moments présents que<251> je compte d'être de mon devoir, vu l'amitié parfaite que je Lui porte, de songer à ce que les intérêts et les sûretés sauraient demander; c'est aussi par cette unique considération, que je Lui prête mes avis, ne disconvenant point d'ailleurs qu'en prince souverain Elle a la pleine disposition de la Princesse Sa fille. Outre cela, je conviens qu'un établissement de celle-ci en Angleterre sera toujours bien avantageux pour Votre Altesse et Sa maison, surtout en égard du temps futur, de sorte que je suis très éloigné d'y vouloir mettre le moindre obstacle; tout ce que je souhaite seulement, c'est qu'Elle y trouve Ses sûretés pour les moments présents, et que ce qu'on désire d'Elle, soit comportable à Sa dignité; c'est là où tendent tous les avis que je Lui donne. En attendant donc que Votre Altesse ait des éclaircissements ultérieurs sur l'issue de cette affaire, je ne presserai plus la France ni ne l'encouragerai sur le renouvellement du traité, avant que Votre Altesse ne me fasse connaître Ses sentiments ultérieurs à ce sujet. Elle voudra bien recevoir, au reste, les assurances de l'amitié et de la plus parfaite estime avec lesquelles je suis à jamais, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse etc.

Federic.

Nach dem Concept.



249-3 Vergl. Nr. 6914.

249-4 Vergl. Nr. 6920.

249-5 Vergl. S. 225.

249-6 Vergl. Bd. VIII, 207.

250-1 Vergl. S. 237.

250-2 Vergl. Nr. 6921.