6933. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A COMPIÈGNE.

Potsdam, 16 août 1755.

J'ai vu avec bien de la satisfaction ce que vous m'avez appris par votre rapport du 3 de l'activité avec laquelle le ministère de France travaille [tant] pour l'exécution de ses plans relativement à la défensive que pour fortifier son système. Il m'a fait d'ailleurs plaisir de voir que; pour mieux soutenir tout cela, la cour a commencé à reprendre une sage économie, en retranchant bien du superflu; mais le mal est encore qu'étant obligés de songer à la défense, ils perdent, en attendant, le meilleur temps pour agir et l'occasion pour faire de grands progrès, qui, une fois perdue, ne se retrouve plus. Il est sûr que le roi d'Angleterre est en chaudes alarmes pour ses pays d'Hanovre, de sorte qu'il ne sait prendre avis pour les mettre en sûreté, et, selon toutes les apparences, l'Impératrice-Reine n'a pas toute l'envie de se mêler de cette guerre, de la sorte que l'Angleterre le voudrait. Elle ne songe jusqu'ici que d'envoyer six régiments de cavalerie aux Pays-Bas, supposé que la guerre y commence, et, de plus, il est sûr qu'elle fait retirer son artillerie des places frontières les plus exposées à la France, comme Ostende et d'autres.260-4 Quant à la Hollande, elle paraît vouloir absolument se décider pour la neutralité. Quelle belle perspective pour la France, devant laquelle toute la Flandre serait tombée dans une seule campagne! Au reste, l'on continue en Angleterre de faire de grands efforts pour la marine et, selon les nouvelles qu'on en a, l'on se flatte de pouvoir battre la flotte française en détail, de faire tomber l'escadre<261> du comte du Guay entre les mains de l'amiral Byng et de ruiner ainsi les forces maritimes de la France.261-1

Comme ma grande curiosité est de savoir de quelle manière Madame Pompadour songe maintenant sur les Anglais,261-2 si elle penche encore pour ceux-ci, si elle est portée pour la paix, et si, pendant ces entrefaites, son crédit va toujours continuer, vous ne me ferez point languir pour contenter ma curiosité là-dessus.

J'attends, d'ailleurs, le rapport que je vous ai demandé relativement à l'idée que j'ai de prévenir encore la guerre par une médiation à nous charger, l'Impératrice - Reine et moi, et au sujet de laquelle vous avez dû sonder les ministres de France.261-3

Federic.

Nach dem Concept.



260-4 Vergl. S. 237.

261-1 Bericht Michell's, London S. August, wo indess statt Byng Hawke genannt wird.

261-2 Vergl. S. 232.

261-3 Vergl. Nr. 6904 S. 232.