6934. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

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Maltzahn berichtet, Dresden 11. August, auf Grund dreier Depeschen Funcke's an Brühl, d. d. Petersburg 26. Mai, 2. Juni, 9. Juni: „Le comte [Alexei] Bestushew a recommandé au sieur Funcke que le comte Brühl dise de sa part au sieur Gross de ne pas trop craindre le comte Woronzow; que la Czarine le protègerait elle-même contre le Vice-Chancelier, pourvu qu'il déclamerait dans ses dépêches contre la cour de Berlin et ses desseins d'agrandissement, sans s'embarrasser si les preuves de ce qu'il aurait avancé, seraient toujours vraies, pourvu qu'elles fussent vraisemblables, l'impératrice de Russie ayant laissé remarquer qu'elle soupçonnait que l'éloignement du comte Woronzow contre le sieur Gross n'avait point d'autre fondement que la prédilection du premier pour la Prusse.261-4 Le Grand-Chancelier a ajouté qu'il avait des preuves d'une trahison dangereuse et très punissable, semblable à celle de Cantacuzène, dans laquelle le fils du chambellan Butler à Mietau était impliqué; qu'il en avait fait des ouvertures à l'Impératrice, mais que Woronzow, qui peut-être y avait lui-même quelque part, et Olsuwiew avaient supprimé toute recherche ultérieure. Qu'ainsi, pour échauffer l'esprit de la Czarine de nouveau à ce sujet,

Potsdam, 16 août 1755.

J'accuse la bonne réception de votre dépêche du 8 de ce mois, et le maréchal de Keith vient de me rendre celle que vous m'avez faite du 11 de ce mois, dont vous l'aviez chargé. Je vous sais gré de toutes les choses intéressantes que vous m'y avez apprises, après les avoir tirées du bon canal; j'aurais souhaité seulement que, pour ce qui regarde les passages qui m'affectent personnellement et qui causent l'indignation de tout honnête homme qui en pourra être instruit, vous les eussiez fait copier de mot à mot et in extenso, afin que j'en eusse été instruit tout précisément; ce que vous observerez bien, quand l'occasion se présentera encore. Mais, comme il y a présentement des affaires de la dernière importance au tapis, qui se négocient actuellement à Pétersbourg de même qu'à Vienne, c'est

il serait bon que le sieur Gross marquât dans ses dépêches qu'il fallait que Votre Majesté eût trouvé en Courlande un canal qui L'instruisait des secrets de la Russie et de tout ce qui s'y passait. Le sieur Funcke mande aussi que les ennemis du Grand-Chancelier déclamaient beaucoup contre les dépenses qu'occasionnait la levée des 60,000 recrues,262-1 qui s'était effectivement faite, mais que les rescrits du Sénat et les vues particulières du comte Schuwalow la mettaient suffisamment à couvert. Ledit comte Bestushew lui a communiqué à cette occasion une idée qui ne montre que trop les mauvaises intentions que cet homme a constamment contre Votre Majesté. Il a un projet pour affaiblir l'armée de Votre Majesté par la désertion, et son plan est que la Russie, à l'imitation d'autres princes, devrait lever des recrues hors du pays et envoyer des enrôleurs en Courlande proche de Mémel, à Hambourg, Lübeck, en Mecklembourg et en tous les endroits proches des frontières des États de Votre Majesté, comme par exemple à Danzig et en Lithuanie, si l'on voulait y consentir. Qu'il faudrait, pour cet effet, créer un fonds et accorder à chaque recrue qui n'aurait point servi encore, 15 roubles; à celui qui aurait servi, mais qui n'aurait point déserté le service d'un allié de la Russie, 25 roubles, et 40 roubles à chaque déserteur prussien. Que, quant aux officiers et bas-officiers, on leur promettrait de les placer avec le même caractère dans l'armée russe. Qu'on formerait ensuite de tout cela des régiments étrangers, que peut-être le sénateur et général Pierre Schuwalow aurait envie de commander, et qu'il résulterait de tout cela de trois choses l'une: ou qu'on diminuerait effectivement l'armée prussienne, on que Votre Majesté serait obligée d'employer une partie de Ses troupes pour faire garder la plus grande, ou, ce que Bestushew a voulu confier au sieur Funcke sous le sceau du secret, il en naîtrait tout plein de différends entre la Prusse et la Russie qui pourraient déterminer l'Impératrice à quelque chose de pins que de l'aigreur.“

à présent et dans ces moments critiques que vous devez tâcher au mieux possible, et même en employant un extraordinaire, afin de puiser de source des nouvelles des plus fraîches dates sur ce qui regarde les négociations du sieur Williams262-2 et les concerts à prendre avec lui, et pour savoir ce qui se passe à Vienne relativement à ces sujets, pour le moins autant que la cour où vous vous trouvez en est instruite par son correspondant qu'elle y a pendant l'absence de Flemming.262-3 Vous vous orienterez même de ce qui se passe à Hanovre.

C'est dans le moment présent plus que jamais qu'il m'intéresse d'être au fait de ce qui se chipote auxdites cours; ainsi, dans cette grande fermentation dans les affaires, il faut que vous employiez tous vos soins pour me faire avoir des avis intéressants.

Au surplus, vous aurez le nouveau chiffre et les remises que vous demandez, dès que le premier sera achevé.

N'oubliez pas de me rendre compte, non de ce qui se passe en Amérique, mais plutôt de quelle façon le premier ministre pense sur ces évènements et sur le parti où il se rangera, quand la guerre entre les couronnes belligérantes éclatera, de même que sur le système que la cour où vous vous trouvez voudra adopter à ces occasions.

J'attends votre rapport sur les ouvertures que vous ferez au ministre relativement au commerce.262-4

Federic.

Nach dem Concept

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261-4 Vergl. Bd. V 193. 238. 285; VI. 42. 73. 194. 188. 535; VII, 430.

262-1 Vergl. S. 11.

262-2 Vergl. S. 196.

262-3 Vergl. S. 243.

262-4 Vergl. S. 234.