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possible, impartial au dehors. Ce serait ce qui en devrait faire son affaire. C'est assez la coutume ici de paraître, quand il leur convient, ensemble ou séparé … Il y a un peu de contradiction dans la conduite de l'Impératrice-Reine. Je sais comment elle s'est expliquée, il y a dix jours, dans un entretien, parmi quelquesuns de ses confidents, sur la situation présente des affaires, où elle a déclaré formellement de ne vouloir point de guerre actuellement, pas même pendant sa vie; que, par une malheureuse expérience, elle savait les pertes considérables qu'elle avait faites; qu'elle s'en ressentait encore et qu'elle s'en remettrait là-dessus à sa postérité, tandis qu'elle ne demandait que le repos. Quelqu'un a répliqué qu'une guerre de religion serait peut-être difficile à éviter, si on pouvait la faire avec succès, l'occasion pouvant devenir favorable pour cela. Sur quoi elle s'est récriée: « Dieu garde! ce serait la plus terrible de toutes les guerres. » Mais je pense qu'ici elle ne parle pas de cœur; car je connais trop sa bigoterie, pour ne pas être persuadé qu'elle se croirait une sainte, si un tel évènement pouvait être mis en exécution. Mais ce qu'il y a, je crois, de bien certain, c'est que ce projet échouera, si la France ne s'en mêle et y donne la main. C'est à quoi cependant cette couronne n'a jamais témoigné grande inclination, le trouvant contraire à sa politique … Quant au militaire, il paraît du changement depuis environ dix jours, savoir que la marche de cavalerie en Hongrie1 n'est point si prochaine qu'on l'avait débitée, ainsi que les ordres en avaient été expédiés.“

ouvertement, ce qui pourra difficilement se concilier avec leurs autres intérêts plus essentiels. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule, de sorte que vous vous garderez bien d'en faire apparaître quelque chose ou de désabuser le sieur Keith des impressions que ces chipotages sauraient lui donner.

Je vous sais gré de ce que vous m'avez marqué de l'entretien que la Reine-Impératrice a eu avec ses confidents. Il serait à souhaiter pour la tranquillité publique que les sentiments qu'elle y a manifestés, soient vérifiés par les évènements; sans cela, je ne me fierai guère à cette grande modération, qui se fonde peut-être sur la raison de ce que cette Princesse ne trouve pas les circonstances présentes assez favorables pour agir, et que personne ne saurait raisonnablement lui conseiller de se mêler dans la guerre présente entre l'Angleterre et la France.

Au reste, j'ai appris avec plaisir ce que vous m'avez marqué au sujet de la marche de la cavalerie en Hongrie, qui n'aura point lieu en conséquence de ce que je vous en avais prédit.2 Aussi me persuadéje que la cour où vous vous trouvez ne jettera pas son argent pour assembler gratuitement des magasins, et que, s'il arrive qu'elle en fasse les frais, ce sera alors pour des vues sérieuses.

Federic.

Nach dem Concept.


7504. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Hellen berichtet, Haag 8. Mai: „Je viens d'apprendre d'assez bon lieu, quoique sous le sceau du dernier secret, que le traité entre les cours de Vienne et

Potsdam, 18 mai 1756.

J'ai bien reçu à son temps toutes les dépêches que vous m'avez



1 Vergl. S. 278.

2 Vergl. S. 240.