<474> Prusse — seul allié qui reste au roi d'Angleterre — pour que le dernier se trouve absolument privé de toute assistance. A toutes ces vues d'ambition la cour de Vienne y joint encore celle de faire l'archiduc Joseph roi des Romains.

La Russie, à l'enchère du plus offrant, et secouée par les partis intérieurs, suivra, selon toutes les apparences, les avis de la cour de Vienne. Il y a toute apparence que la France se chargera de lui payer les subsides qu'elle tirait jusqu'à présent de l'Angleterre.

Tel est au vrai la situation présente de l'Europe. L'équilibre est perdu, aussi bien entre les grandes puissances que dans l'Empire Romain. Le mal est grand, mais on ne le croit pas sans remède, et l'on prie le roi d'Angleterre de faire de sérieuses réflexions aux moyens qu'on croit être les plus propres pour établir une nouvelle balance tant en Allemagne qu'en Europe.

On croit que, si l'on pouvait parvenir à une liaison étroite avec la cour ottomane, que cette union en imprimerait puissamment aux cours de Vienne et de Pétersbourg. On doit s'attendre à ce que les trois cours alliées emploieront toute leur adresse pour traverser cette négociation; mais ce ne sont pas les obstacles qui doivent rebuter, et il est certain que ce sont les intérêts de la Porte de former des contre-ligues à celles des deux cours impériales, dont l'harmonie ne peut que lui devenir un jour funeste.

On croit qu'il ne serait pas impossible de faire une alliance avec le roi de Danemark, surtout pour le soutien du parti protestant d'Allemagne.1 Il semble apparent que la Hollande, si elle consulte ses véritables intérêts, doit, dans la conjoncture critique, où elle se trouve, s'empresser d'accéder à la même alliance; et, pour le Saint-Empire Romain, il paraît que, si le roi d'Angleterre le veut, il pourra facilement y former un parti et barrer les desseins ambitieux de la cour de Vienne, en stipulant dans tous ses traités que ces princes se concerteront avec le roi d'Angleterre pour tout ce qui pourra avoir rapport à la Diète et aux affaires de l'Empire.

S'il faut indiquer les princes d'Allemagne que l'on croit les plus propres d'entrer dans cette alliance, on pense que ce pourrait être




1 Vergl. S. 410. 429.