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supposer que la cour de Vienne fera les plus grands efforts pour déterminer la France à attaquer l'électorat d'Hanovre, afin d'avoir un prétexte pour pouvoir tomber impunément sur Votre Majesté, dans le cas où Elle S'opposerait à la diversion … Il est certain que, si un pareil évènement venait à avoir lieu et que Votre Majesté Se mît en devoir de remplir les engagements qu'Elle a contractés avec l'Angleterre, la France se livrerait tout entière à son ressentiment et laisserait agir librement la maison d'Autriche, sans prendre conseil de ses vrais intérêts et sans se laisser arrêter par les inconvénients qui pourraient par la suite en résulter pour elle. Je suis donc persuadé que ce serait se faire une illusion bien grossière que d'imaginer que Votre Majesté pourrait en pareil cas S'attendre à aucun secours de la part de la France, à laquelle le ministère autrichien a tellement fasciné les yeux qu'on ne saurait se flatter de pouvoir la désabuser … Il faut distinguer dans la conjoncture présente les vues de la France d'avec celles de la maison d'Autriche, qui fera certainement ses plus grands efforts pour déterminer la France à porter la guerre en Allemagne, afin de pouvoir la détacher tout-à-fait de Votre Majesté et d'avoir un prétexte pour L'attaquer. Mais, en même temps, Votre Majesté peut être persuadée que cette diversion n'aura certainement pas lieu cette année, et que la France ne s'y déterminera que très difficilement, pour peu qu'elle continue à avoir les mêmes succès sur mer qu'elle a eus jusqu'à présent,1

mènera et les poussera si fort en avant qu'alors ils seront étonnés eux-mêmes des suites de leur étrange aveuglement; ils n'ouvriront les yeux que trop tard. J'en suis fâché, ma situation est hasardée de toutes les manières, je ne puis m'en tirer que par un coup hardi. Valory a fait ici une déclaration dont j'ai vu qu'il était honteux lui-même.2 Elle consistait à m'annoncer assez sèchement que, si j'attaquais la reine de Hongrie, le roi de France son allié serait obligé de la secourir, comme je me trouverais obligé à secourir le roi d'Angleterre, en cas qu'ils l'attaquassent. Je vois par là que toute la trame des Russes et des Autrichiens leur est inconnue. Vous pouvez leur en glisser quelque chose, mais vous ne leur développerez tout le secret d'iniquité que lorsque vous aurez reçu le second mémoire que Klinggræffen a ordre de présenter.3

Federic.

Nach dem Concept mit dem Vermerk „,à Knyphausen“ . Eigenhändig.


7761. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Hellen berichtet, Haag 20. Juli; „Les Etats de Hollande, dont les députés sont déjà arrivés ici, continueront demain leurs délibérations avec les amirautés, et le ministre d'Angleterre m'a dit encore hier que, dans la disposition où les esprits se trouvaient aujourd'hui, il avait toute l'espérance fondée de convenir avec

Berlin, 26 juillet 1756.

J'ai bien reçu votre rapport du 20 de ce mois, et c'est avec grand plaisir et fort à propos que j'ai appris la bonne nouvelle qu'il renferme sur la disposition favo-



1 Vergl. S. 112.

2 Nr. 7769.

3 Vergl. Nr. 7768 S. 138.