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7763. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.

Podewils berichtet, Berlin 26. Juli: „J'ai communiqué d'abord, suivant les ordres de Votre Majesté, la lettre ci-jointe du marquis de Valory au sieur Mitchell, en sortant de l'audience de Votre Majesté,1 et il en a tiré une copie sur l'original qu'il m'a renvoyé. Je suppose que Votre Majesté voudra bien daigner la lire avec attention, à cause de l'importance de son contenu, et me donner ensuite Ses ordres précis sur la réponse à faire par écrit à la lettre que ce ministre Lui a adressée, et sur laquelle il insiste d'avoir également une réponse par écrit de Votre Majesté, pour se justifier auprès de sa cour de la manière qu'il a exécuté ses ordres à cet égard.“

Schreiben Valory's, d. d. Berlin 26. Juli 1756:

„Sire, L'amitié qui est entre le Roi mon maître et Votre Majesté, dont M. le duc de Nivernois a renouvelé les assurances en même temps qu'il a paru en resserrer les liens, se trouve alarmée par les préparatifs de guerre qu'Elle a faits et continue de faire dans les différentes provinces de Ses États. On ne peut douter, Sire, des efforts redoublés de l'Angleterre pour allumer la guerre dans le continent de l'Europe; les liaisons de Votre Majesté avec cette couronne font présumer que Ses immenses préparatifs sont destinés à remplir cet objet.

Le Roi m'ordonne de Lui représenter que, quoiqu'il soit persuadé que, si Votre Majesté ne suit que Son propre mouvement, Elle Se contentera de Se tenir sur une défensive qui puisse en imposer aux puissances dont les intentions Lui sont suspectes, il est instruit que les Anglais, pour tâcher de réparer la honte que leur ont attirée les mauvais succès2 de la guerre injuste qu'ils lui font, veulent se servir de ces préparatifs, pour allumer dans l'Europe un feu où il sera obligé de prendre part, espérant par cette diversion diminuer les efforts qu'il a résolu de faire contre eux par mer.

Le Roi craint, Sire, que Votre Majesté ne soit entraînée par les conseils violents de l'Angleterre à quelque coup de main aussi dangereux peut-être à Son propre repos qu'à celui de l'Europe.

Le Roi mon maître ayant surtout été informé qu'un des principaux desseins du roi d'Angleterre était d'engager Votre Majesté à attaquer l'Impératrice-Reine, il m'ordonne de Lui représenter l'obligation où il est par le traité de Versailles, dont Elle a eu communication,3 de donner des secours à cette Princesse, si elle était attaquée, et qu il ne manquerait pas de les lui donner, ainsi qu'il est persuadé que Votre Majesté donnerait à l'électeur d'Hanovre ceux qu'Elle lui doit par le traité de Londres, dans le cas où les troupes du Roi entreraient dans les terres de l'électorat.

Mais que, comme le traité que le Roi a fait avec l'Impératrice-Reine, n'est que défensif, et que, par conséquent, il n'a pas diminué son zèle, pour empêcher que le feu de guerre qu'il a avec l'Angleterre, ne se communique au reste de l'Europe, il m ordonne de rappeler à Votre Majesté les engagements dans lesquels il est, afin de tacher de La détourner de Se prêter à la fureur des Anglais, en attaquant les États de l'Impératrice-Reine, auquel cas Votre Majesté ne pourra S'en prendre qu'à Ellemême des secours efficaces qu'il sera obligé de fournir à cette Princesse.

Je ne puis me persuader, Sire, que Votre Majesté soit de moitié des insinuations que fait répandre le roi d'Angleterre dans différentes cours du Nord et de l'Allemagne, comme si le traité défensif entre le Roi et l'Impératrice-Reine avait pour objet de détruire l'équilibre entre les puissances catholiques et protestantes; ces in-



1 Vergl. über diese Audienz S. 123.

2 Vergl. S. 112.

3 Vergl. Bd. XII, 408.