<262> dans le premier moment veulent sauver d'abord ce qui se trouve sous la main. Outre que les chariots des régiments manquent, il n'y a ni harnais ni rien de tout ce qu'il faut pour le train nécessaire à des troupes qui doivent faire la campagne; tout cela a été vendu. Le comte Rutowski, le Chevalier de Saxe et le général Dyherrn ne font point travailler à des équipages, et je sais qu'ils n'en ont pas. Au reste, Sire, en cas que Votre Majesté entrerait hostilement en Saxe, le soin qu'on prend de dégarnir la ville de Dresde, montre assez qu'on, la dégarnirait de même de troupes et que, ne pouvant rien défendre, ils voudraient mettre le tout en sûreté au Kcenigstein, comme ils y ont enfermé l'année 1745 le secret de porcelaine.“

Maltzahn berichtet, Dresden 19. August: „Le comte Flemming marque, en date du 7 de ce mois, que, quoique les avis se confirmaient que le roi de Prusse avait fait cesser dans ses États tous les mouvements et préparatifs qu'on avait faits, l'on ne croyait pourtant pas devoir se laisser détourner par là à Vienne du dessein d'assembler l'armée; qu'on lui ferait même tenir la campagne aussi longtemps que le temps le permettrait. Que, nonobstant tout cela, il revenait toujours à son opinion que la cour de Vienne n'entreprendrait rien la première contre ce Prince, et que, si elle le faisait, il était persuadé que ce ne serait qu'à bonnes enseignes et à jeu sûr, la situation présente de cette cour étant assez favorable pour ne rien hasarder dans la vue de la rendre meilleure, au risque de pouvoir l'empirer; par conséquent, comme ses propres forces n'étaient pas suffisantes pour abaisser ce voisin puissant, il fallait qu'elle se renforçât de celles des alliés, ou bien qu'elle se contentât de rester dans l'état où elle était à présent. Que la détermination du roi de Prusse de suspendre ses préparatifs, ne saurait être agréable à la cour de Vienne; qu'aussi le comte Kaunitz lui avait dit que la modération apparente de ce Prince n'arrêterait point la continuation des mesures vigoureuses que l'on avait commencées, d'autant plus que le roi de Prusse était en état de rendre d'un jour à l'autre l'activité à son armée. Qu'en conséquence de cette résolution on travaillait sans cesse à mettre en exécution les mesures dont il avait précédemment fait mention. Il ajoute que, quand il ne résulterait point d'autre chose de la crise présente, il comptait toujours pour un grand bien que la cour de Vienne ait mis à présent, une fois pour toutes, ses armées dans un état si mobile et si actif qu'il ne restait plus à l'avenir aucune surprise à craindre de la part du roi de Prusse, ni pour elle-même, ni pour ses alliés, et qu'il se flattait que, ce Prince n'ayant plus l'avantage d'être seul armé et sentant même qu'on ne désirait pas mieux que de lui voir faire quelques écarts, ses procédés seraient dorénavant moins violents et plus conformes aux règles de la modération et du bon voisinage. II continue que, si le chevalier Williams ne se flattait pas trop, il y avait lieu de présumer que la Russie n'agirait point contre les intérêts de l'Angleterre, et que la cour de Vienne se trompait à son compte, si elle espérait d'engager la première à entrer dans des vues qui pourraient l'entraîner une guerre. … Le comte Flemming dit qu'on ne voyait pas l'accommodemment entre le roi de Prusse et le duc de Mecklembourg1 de bon œil à Vienne, et qu'on le regardait comme une nouvelle preuve que le roi de Prusse était attentif à éloigner dans les conjonctures présentes tout sujet qui pourrait l'exposer à de justes plaintes.“

Potsdam, 23 août 1756.

J'ai reçu votre dépêche du 19 de ce mois et ne vous écrirai rien par la présente relativement aux affaires, mais attendrai, pour le faire, le retour du courrier de Vienne avec la réponse de la reine de Hongrie à ma dernière dépêche au conseiller privé de Klinggræffen, dont je vous ai déjà informé,2 et ne tarderai point de vous communiquer ladite réponse. Vous continuerez, en attendant, de vous mettre au fait.



1 Vergl. S. 211.

2 Vergl. S. 214.